Comment Erasmus tâche de séduire de nouveaux publics
Comment Erasmus tâche de séduire de nouveaux publics
Par Sophie Blitman
Websérie humoristique, BD numérique, études d’impact... Zoom sur la stratégie de communication mise en oeuvre par le programme européen pour faire connaître son action et attirer de nouveaux candidats à la mobilité.
« L’Auberge espagnole, c’est complètement dépassé ! » Responsable de la communication de l’agence Erasmus + France éducation et formation, Lucas Chevalier estime que si « le film de Cédric Klapisch a donné un visage souriant et festif à la mobilité européenne, il faut sortir de cette image d’Epinal ». Et de rappeler qu’Erasmus + concerne désormais aussi les enseignants, les apprentis, les demandeurs d’emploi, les jeunes chefs d’entreprise et les handicapés, notamment.
Néanmoins, si l’agence souligne cette diversité, les étudiants représentaient toujours, en 2015, les deux tiers de la mobilité intra-européenne. Pour toucher de nouveaux publics, un réseau de développeurs de la mobilité a été mis en place, constitué de 800 personnes, fonctionnaires ou formateurs indépendants, chargées de répondre aux questions sur le terrain.
Web-série
Parallèlement, c’est sur Internet que se déploie depuis quelques années la communication du programme européen. En 2015, l’agence a notamment réalisé la web-série Erasmus, un bagage en plus, en faisant appel à la youtubeuse Sandy Lobry, alias La Rousse. Objectif : montrer l’intérêt d’un séjour à l’étranger à travers des saynètes humoristiques, centrées successivement sur un étudiant à l’existence terne, deux apprentis manifestement mal orientés et une enseignante à bout de nerfs.
L’agent d’avenir 318… et l’étudiant
Durée : 04:20
Visionnés, d’après l’agence, plus de 800 000 fois, les quatre épisodes alimentent la chaîne YouTube « Génération Erasmus ». Celle-ci présente également des vidéos plus classiques de témoignages. « Nous partons du principe que ceux qui parlent le mieux de la mobilité européenne sont ceux qui l’ont vécue », explique Lucas Chevalier, soucieux de « transmettre les valeurs de tolérance véhiculées par le programme ».
Etudes d’impact
« Erasmus a été pour moi une expérience déterminante », atteste Jérémie Dres, auteur d’une bande dessinée numérique réalisée en partenariat avec l’agence. Dix ans après son séjour à Rotterdam, aux Pays-Bas, le jeune homme est parti à la rencontre de ses anciens camarades. Carnets d’Europe relate ces retrouvailles avec la volonté de « montrer l’ouverture d’esprit apportée par Erasmus », dit Jérémie Dres, qui se penche finalement peu sur le programme lui-même.
« Mon idée, poursuit-il, était avant tout de faire résonner des voix dans des pays traversés par des crises économiques ou politiques, comme la Grèce, la Hongrie et l’Angleterre ». Si les dialogues signalent de manière parfois caricaturale les avantages d’Erasmus, ce roman graphique évite la nostalgie béate et a le mérite de donner la parole à de jeunes Européens.
Plus concrètement, Erasmus + publie des études d’impact qui mesurent les retombées en termes notamment d’employabilité. « Alors que le budget 2014-2020 s’élève à 15 milliards d’euros au niveau européen et à un milliard pour la seule France, il s’agit de faire valoir les bénéfices de ces subventions auprès des décideurs politiques », indique Lucas Chevalier.
D’où l’importance de pouvoir s’appuyer sur des résultats tangibles, et donc de poursuivre les efforts pour faire connaître le programme au-delà des seuls étudiants.