Jean-Luc Mélenchon ne donne pas de consigne de vote pour le second tour
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Le candidat de La France insoumise, arrivé quatrième à l’issue d’un premier tour remporté par Marine Le Pen (FN) et Emmanuel Macron (En marche !), a refusé de donner une consigne de vote dimanche soir, soulignant ne pas avoir de mandat pour s’exprimer à la place de ses électeurs. L’eurodéputé a toutefois annoncé son intention de consulter ses quelque 450 000 soutiens par un vote organisé dans les prochains jours sur sa plate-forme Internet, jlm2017.fr. Ces derniers seront consultés sur le choix à faire : glisser un bulletin Macron, s’abstenir, voter blanc, ne rien dire.

Vives critiques dans les rangs du PS

La décision de Jean-Luc Mélenchon de s’en remettre au choix de ses électeurs sur un éventuel appel à voter pour Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle afin de faire barrage au Front national a fait l’objet de vives critiques lundi dans les rangs socialistes.

« J’ai du respect pour tous les votes de gauche et Mélenchon mais ne pas appeler à battre Mme Le Pen est une faute et intenable quand on est de gauche », a réagi le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis sur Twitter.

Pour le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, Jean-Luc Mélenchon a manqué de « clarté » lors de sa déclaration à la presse dimanche soir. « Moi, je pense qu’aujourd’hui la responsabilité des socialistes, c’est justement de s’engager pleinement, ce qui n’a pas été le cas hier soir de Jean-Luc Mélenchon », a-t-il dit sur RTL. « Il a fait ce qu’il voulait faire, moi après j’en tire d’autres conséquences, je n’aurais pas fait ça. »

La ministre du travail, Myriam El Khomri, a qualifié la décision de M. Mélenchon de « faute » et de « déshonneur » sur Twitter.

« Nous sommes l’antithèse du Front national »

Face aux critiques, Eric Coquerel, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon et coordinateur du Parti de gauche, a réaffirmé la position du candidat face au Front national. « Vous savez que nous sommes les adversaires irréductibles du Front national, l’antithèse du Front national », a-t-il dit sur France Inter.

« Nous n’avons jamais imaginé mettre un bulletin de vote pour le FN. Simplement nous avons 440 000 personnes qui ont appuyé cette campagne d’un air vraiment nouveau, les insoumises et les insoumis, et c’est à eux de décider quelle sera la forme de la consigne ou en tout cas leur avis pour le deuxième tour. »

Dimanche soir, Clémentine Autain, conseillère régionale d’Ile-de-France et membre du mouvement Ensemble qui soutenait La France insoumise, a expliqué sur BFM-TV : « Nous allons nous battre pour qu’aucune voix ne se porte sur la candidature de Marine Le Pen et pour battre l’extrême droite qui menace. »

« Qui peut douter un instant de notre envie de battre le FN ?, a renchéri Sophia Chikirou, la directrice de communication de M. Mélenchon. La France insoumise sera la première force d’opposition si Macron est élu le 7 mai. »

Outre Jean-Luc Mélenchon, les deux candidats d’extrême gauche, Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) et Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste) ont également rejeté dimanche le parti d’extrême droite, sans pour autant appeler à voter pour Emmanuel Macron. Le Parti communiste français (PCF), soutien de Jean-Luc Mélenchon dans le cadre de cette présidentielle, a, lui, en revanche appelé à faire barrage à l’extrême droite, tout comme il l’avait fait à l’issue du premier tour de la présidentielle de 2002 face au duel Chirac-Le Pen.

Présidentielle 2017 : A l'extrême gauche comme à droite, tout le monde n'appelle pas à faire barrage au Front national.
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La consultation des militants de La France insoumise pour le second tour

  • Quand la consultation des militants aura-t-elle lieu ?

Selon Eric Coquerel, coordinateur du Parti de gauche, la consultation des sympathisants de Jean-Luc Mélenchon commencera mardi et sera rendue publique « en fin de semaine », probablement vendredi.

  • Cette consultation a-t-elle valeur de consigne de vote ?

Elle n’est en tout cas pas envisagée ainsi par les responsables du mouvement. « C’est un avis qui sera demandé, ce n’est pas une consigne mais le positionnement des insoumis », précise Eric Coquerel.

  • Quels sont les choix possibles ?

Plusieurs options seront possibles sauf « une pour des raisons que chacun comprendra : pas une voix pour le FN », indique M. Coquerel. La formulation n’est pas encore finalisée mais dimanche plusieurs choix étaient évoqués : voter pour Emmanuel Macron, voter blanc, s’abstenir ou ne pas donner de consigne de vote.

  • Qui pourra participer ?

Pourront participer les 440 000 internautes qui ont « appuyé » la candidature de M. Mélenchon sur sa plate-forme Internet, jlm2017.fr. Une adhésion qui se faisait d’un simple clic, en laissant ses coordonnées, sans cotisation ni engagement sur la durée.