Le premier ministre sortant Mark Rutte (à gauche) a exprimé ses regrets après cet échec. | BART MAAT / AFP

Soixante et un jours après les élections législatives, les discussions pour la formation d’un gouvernement aux Pays-Bas ont échoué, au soir du lundi 15 mai. Edith Schippers, ex-ministre libérale de la santé, chargée de conduire les négociations, a annoncé que les pourparlers avaient échoué sur le dossier de l’immigration.

Quatre partis tentaient de former une coalition : le Parti populaire libéral et démocrate (VVD) du premier ministre sortant Mark Rutte, vainqueur du scrutin du 15 mars, l’Appel chrétien-démocrate (CDA, centriste), les réformateurs proeuropéens de D66 et GroenLinks (Gauche verte, GL), la formation écologiste du jeune dirigeant Jesse Klaver, autre gagnant du scrutin.

Il n’existait de « base commune » pour évoquer le dossier de l’immigration et il était impossible de concilier les points de vue, a annoncé Mme Schippers au cours d’une conférence de presse inattendue. Le parti écologiste plaidait pour une politique plus généreuse que celle, très restrictive, appliquée depuis des années par le royaume. Les libéraux du VVD exigeaient, en revanche, des mesures radicales, comme l’impossibilité, pour un étranger, d’introduire une demande d’asile une fois qu’il était arrivé dans le pays. Il devrait le faire dans son pays d’origine.

Des divergences existaient aussi à propos des dossiers environnementaux ou la politique des revenus, a expliqué Mme Schippers.

« Extrêmement décevant »

M. Rutte a exprimé ses regrets après cet échec. Il semblait toutefois de plus en plus évident que son parti n’était pas enthousiaste à l’idée de conclure un compromis avec M. Klaver, qui défendait un programme très à gauche. Le premier ministre sortant a toutefois affirmé qu’il avait négocié avec loyauté.

Sybrand Buma, le dirigeant du parti chrétien démocrate a tenu des propos identiques. Quant à Alexander Pecthold de D66, qui était sans doute le plus ouvert à une alliance avec les Verts, il a décrit l’échec comme « extrêmement décevant ».

Aucun dirigeant ne s’est montré explicite quant aux raisons véritables de l’arrêt des négociations ou sur les alternatives désormais privilégiées par les uns et les autres. Les dirigeants D66 devaient décider mardi s’ils étaient prêts à reparler d’autres formules.

« J’étais enthousiaste à l’idée de former un gouvernement. Hélas, cela a échoué », expliquait pour sa part M. Klaver, qui refusait toutefois d’évoquer la fin définitive des discussions avec ses trois partenaires.

Mme Schippers va, de son côté, rédiger un rapport pour la Chambre des députés, qui l’avait désignée pour cette mission d’« information ». Elle s’était fixée comme objectif de former un gouvernement avant l’été. Une majorité de l’assemblée décidera désormais de la suite des événements. Auparavant, c’est le roi qui était en charge de la désignation d’un informateur.

L’hypothèse qui apparaît la plus vraisemblable est le remplacement de GroenLinks par le parti ChristenUnie (CU) à la table des négociations, ce qui exclut l’idée d’un éventuel retour aux urnes. Ce petit parti protestant à vocation sociale a récolté cinq sièges mais pourrait assurer de justesse une majorité à M. Rutte (76 sièges sur les 150 de la Deuxième Chambre). CU avait approuvé plusieurs mesures du gouvernement sortant, une alliance des libéraux et des sociaux-démocrates.

Ces derniers, qui ont subi une lourde défaite en mars, passant de 38 sièges à 9, pourraient aussi fournir un appui à une coalition. A ce stade, aucune autre formation n’envisage toutefois cette hypothèse.