Affaire Grégory : Murielle Bolle interpellée à son domicile
Affaire Grégory : Murielle Bolle interpellée à son domicile
Le Monde.fr avec AFP
Agée de quinze ans au moment des faits, elle avait désigné M. Laroche comme le ravisseur et le meurtrier de Grégory avant de se rétracter.
Murielle Bolle, un témoin clé dans l’affaire sur la mort inexpliquée de Grégory Villemin en 1984, a été interpellée à son domicile des Vosges mercredi 28 juin, selon une source proche du dossier. Elle a été placée en garde à vue et conduite dans des locaux de gendarmerie dans les Vosges pour être interrogée.
Agée de 48 ans aujourd’hui, Murielle Bolle avait 15 ans au moment des faits. Elle avait déclaré alors avoir assisté à l’enlèvement de l’enfant, avant de se rétracter.
Elle était ressortie libre de la gendarmerie de Bruyères (Vosges), où elle avait été convoquée le 14 juin, après s’être soumise à un prélèvement ADN.
Elle accuse M. Laroche puis se rétracte
Belle-sœur de Bernard Laroche (un cousin germain de Jean-Marie Villemin, le père de l’enfant), elle avait désigné M. Laroche comme le ravisseur et le meurtrier de Grégory avant de se rétracter.
Au cours d’une première garde à vue d’un peu moins de vingt-quatre heures, deux semaines après la découverte du corps de l’enfant dans la Vologne le 16 octobre 1984, elle avait affirmé qu’elle était en voiture avec Bernard Laroche le jour du meurtre et que celui-ci était passé chercher Grégory, âgé de 4 ans, chez ses parents. Elle avait précisé être restée dans le véhicule pendant qu’il déposait le garçon chez un ami de la famille, pensait-elle.
Des propos répétés deux jours plus tard devant le juge d’instruction, Jean-Michel Lambert, qui avait inculpé le même jour Bernard Laroche, cousin du père de Grégory, pour assassinat. Mais Murielle Bolle s’était rétractée le lendemain, expliquant que les gendarmes l’auraient menacée d’un placement en maison de correction et d’une inculpation pour complicité, pour obtenir ses aveux.
En 1985, Bernard Laroche avait été remis en liberté avant d’être tué par le père de Grégory. Les soupçons se sont ensuite portés sur Christine Villemin, la mère du garçon de quatre ans, finalement innocentée.
L’enquête sur la mort inexpliquée de l’enfant de quatre ans a été relancée après l’interpellation récente et la mise en examen de Marcel et Jacqueline Jacob, le grand-oncle et la grand-tante de l’enfant.
De mai 1981 à juin 2017, toute l’affaire Grégory en quelques dates
Christine et Jean-Marie Villemin, les parents du petit Grégory, 4 ans, retrouvé noyé le 16 octobre 1984, pieds et poings liés dans la Vologne, sont assis, le 23 novembre 1984, à la table de leur salle à manger sur laquelle est posée une assiette à l’effigie de leur enfant. | ERIC FEFERBERG / AFP
De mai 1981 à mai 1983
Un mystérieux corbeau a harcelé Albert Villemin, le grand-père de Grégory, de centaines d’appels malveillants évoquant des secrets de famille.
16 octobre 1984
Le corbeau s’est ensuite tu, jusqu’au 16 octobre 1984 où, il a appelé Michel Villemin, oncle de Grégory, pour revendiquer l’assassinat du petit garçon moins d’une heure après sa disparition : « Je me suis vengé. J’ai pris le fils du “chef”. Je l’ai mis dans la Vologne. »
Grégory Villemin avait 4 ans et semblait assoupi quand les gendarmes ont repêché, vers 21 h 15, son petit corps vêtu d’un anorak bleu, pieds et poignets entravés par des cordelettes, plaqué contre un barrage de la Vologne, une rivière vosgienne.
Une lettre du corbeau arrivera le lendemain chez Jean-Marie Villemin, le père de Grégory : « J’espère que tu mourras de chagrin, le chef. Ce n’est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance, pauvre con. »
5 novembre 1984
Bernard Laroche, cousin germain de Jean-Marie Villemin, est arrêté et inculpé du meurtre de son neveu, Grégory, sur la foi des déclarations de sa belle-sœur, Murielle Bolle, alors âgée de 15 ans. Un temps incarcéré, il est remis en liberté le 4 février 1985.
29 mars 1985
Vers 12 h 30, Jean-Marie Villemin, jeune contremaître de 26 ans, convaincu qu’il tenait là le responsable de la mort de son fils Grégory, tue d’un coup de fusil Bernard Laroche, 30 ans, contremaître, lui aussi, dans une entreprise de tissage.
5 juillet 1985
Alors que son mari est inculpé de l’assassinat de Bernard Laroche, Christine Villemin, la mère de Grégory, est elle-même désignée comme un possible corbeau par des expertises graphologiques. Elle est inculpée et incarcérée. Libérée onze jours plus tard sous contrôle judiciaire, elle a bénéficié le 3 février 1993 d’un non-lieu retentissant pour « absence totale de charges ».
16 décembre 1993
Jean-Marie Villemin est condamné à cinq ans d’emprisonnement, dont un avec sursis, pour l’assassinat de Bernard Laroche. Ayant purgé l’essentiel de sa peine en détention préventive, il est libéré deux semaines plus tard.
1999
L’affaire a été rouverte en 1999, puis en 2008, pour tenter de confondre d’hypothétiques traces d’ADN sur les scellés.
2004
En février, la dépouille de Grégory est exhumée du cimetière de Lépanges et incinérée à Epinal, le couple Villemin ayant conservé la moitié des cendres. En juin, l’Etat est condamné à verser à chacun des époux Villemin 35 000 euros pour dysfonctionnement de la justice. Aujourd’hui âgés de 56 et 58 ans, ils sont installés en région parisienne et ont trois autres enfants.
Décembre 2008
Devançant la prescription de l’affaire qui s’annonçait pour avril 2011, Jean-Marie et Christine Villemin obtiennent de la cour d’appel de Dijon la réouverture de l’enquête pour de nouvelles recherches d’ADN, après l’échec des précédentes menées en 2000-2001.
2010
Michel Villemin, oncle de Grégory et frère de Jean-Marie, meurt.
2013
La mise au jour de nouvelles traces d’ADN sur les cordelettes ayant servi à entraver le corps de l’enfant relance l’affaire. Mais le procureur général de la cour d’appel de Dijon, Jean-Marie Beney, avait ensuite annoncé que les analyses effectuées ne permettaient pas de mettre un nom sur les profils des ADN relevés.
14 juin 2017
Soupçonnés de complicité d’assassinat, de non-dénonciation de crime, de non-assistance à personne en danger et d’abstention volontaire d’empêcher un crime, Marcel Jacob, l’oncle maternel de Jean-Marie Villemin, et son épouse, Jacqueline, septuagénaires, sont interpellés dans le village d’Aumontzey (Vosges), tandis que Ginette Villemin, veuve de Michel Villemin, est interpellée à Arches, à moins de 30 kilomètres de là. De leur côté, les grands-parents paternels de Grégory, Monique et Albert Villemin, sont entendus à leur domicile comme simples témoins en raison de leur grand âge et de l’état de santé de Mme Villemin. Parallèlement, Murielle Bolle est convoquée à la gendarmerie de Bruyères (Vosges), où elle a fait l’objet d’un prélèvement ADN avant de ressortir libre.
16 juin 2017
Jacqueline et Marcel Jacob, grand-tante et grand-oncle de Grégory Villemin, ont été mis en examen pour enlèvement et séquestration suivie de mort, trente-deux ans après le meurtre du garçon.