Bac pro : une naissance au forceps
Bac pro : une naissance au forceps
Par Jessica Gourdon
C’est Laurent Fabius, alors premier ministre, qui annonça au journal télévisé, en mai 1985, la création du diplôme du baccalauréat professionnel, porté par le ministre de l’éducation Jean-Pierre Chevènement.
Résultats du bac 2015 au lycée Georges Brassens à Paris. AFP PHOTO / MARTIN BUREAU | MARTIN BUREAU / AFP
La scène fut rapportée par l’historien Antoine Prost dans Le Monde de l’éducation, en janvier 2006 : quand Laurent Fabius, alors premier ministre, prend la parole, le 25 mai 1985, au journal télévisé, le secrétaire d’Etat à l’enseignement technique Roland Carraz ignore encore si le diplôme dont il va annoncer la naissance s’appellera « baccalauréat ». Le mot magique à peine prononcé, les bouchons de champagne volent.
« “Baccalauréat” impliquait l’accès direct en université de bacheliers qui n’y seraient manifestement pas préparés et risquait en outre de faire peur aux employeurs, rappelle Antoine Prost. En revanche, ce terme clarifiait les organigrammes ; il était surtout symboliquement décisif pour marquer l’égalité des filières professionnelles et générales. »
L’opposition des fédérations professionnelles
Si l’allongement de la durée des études après le BEP faisait alors consensus, les fédérations professionnelles ne voulaient pas entendre parler de « baccalauréat ». « L’UIMM, en particulier, voulait un diplôme à finalité d’insertion professionnelle, parce que le secteur avait besoin de recruter à ce niveau, et que la plupart des bacheliers technologiques continuaient déjà en BTS », explique l’historien Vincent Troger.
En janvier, Daniel Bloch, alors président de la Mission école-entreprise, défend lui l’idée du bac auprès de Jean-Pierre Chevènement, à la tête de la Rue de Grenelle. Une révolution hautement symbolique, à une époque où seulement 30 % d’une génération décroche le baccalauréat. Jean-Pierre Chevènement, frappé par la réussite industrielle du Japon, un pays où les ouvriers sont bacheliers, est séduit. Le ministre se laisse convaincre : ce sera un bac.
Lutter contre le chômage
« La France était alors à la traîne. Beaucoup de pays développés, comme les Etats-Unis ou la Suède, avaient déjà atteint l’objectif des 70 % à 80 % de jeunes ayant fait des études jusqu’à l’âge de 18 ans. C’est cette considération qui m’a paru déterminante », se remémorera Jean-Pierre Chevènement dans Le Monde du 13 juillet 2012.
Antoine Prost avance une autre motivation :
« Prolonger la scolarité [était] une façon peu coûteuse et socialement productive de lutter contre le chômage : de fait, les cinq années qui suivent verront 300 000 lycéens supplémentaires et une baisse parallèle du chômage. »
A la rentrée 1985, les premiers élèves commencent à préparer le baccalauréat professionnel. Laurent Fabius et Jean-Pierre Chevènement peuvent alors lancer le célèbre slogan : « Amener 80 % d’une classe d’âge au niveau bac en l’an 2000 ». L’objectif sera atteint en 2012.
Bac 2017 : « Le Monde Campus » accompagne les lycéens jusqu’aux résultats
« Le Monde Campus » accompagne les candidats au bac 2017, jusqu’aux résultats, mercredi 5 juillet. Durant l’examen, nous avons publié chaque jour les sujets des différentes épreuves et leurs corrigés en vidéos, en partenariat avec Les Bons Profs.
Après le « live » de révisions à J-15, et le direct du premier jour du bac, jeudi 15 juin, nous vous donnons rendez-vous pour une journée spéciale des résultats du bac, mercredi 5 juillet.
Voici quelques incontournables à lire pour cette session 2017. Retour sur les sujets de philosophie, leur analyse par une professeure, ainsi que leurs corrigés vidéo, les sujets complets du bac français, les corrigés vidéo, ainsi que notre reportage à l’entrée et à la sortie du premier jour d’épreuve. Depuis, nous avons notamment évoqué le fait que les candidats au bac techno ont planché sur des sujets de secours en philosophie, que les élèves de la même filière ayant choisi l’espagnol LV1 devaient repasser cette épreuve vendredi 23 juin, et que ceux passant le bac STMG verront la notation de l’épreuve d’économie-droit modifiée après la diffusion d’un de ses exercices la veille. Et nous avons aussi évoqué des pétitions contre les sujets d’histoire-géo du bac général et contre ceux d’anglais du bac technologique.
Pour ne rien manquer, rendez-vous sur la page www.lemonde.fr/bac, et sur la page Facebook « Le Monde Campus ».