Festivals des séries : la guerre bat son plein
Festivals des séries : la guerre bat son plein
LE MONDE ECONOMIE
La patronne du festival parisien Séries Mania a été débauchée par le Festival international des séries, qui doit voir le jour en avril 2018.
Les départs de Laurence Herszberg et de son équipe devraient signer la fin du festival parisien Séries Mania, qui avait pourtant fêté avec succès sa huitième édition, en avril. | FRANCOIS GUILLOT / AFP
Fin de la première saison du feuilleton consacré au Festival international des séries, qui doit voir le jour à Lille au détriment de Paris. Jeudi 6 juillet, Xavier Bertrand, président du Conseil régional des Hauts-de-France, a annoncé que le festival aura lieu dans la capitale des Flandres (choisie en avril par le gouvernement), du 20 au 28 avril 2018, et qu’il sera dirigé par Laurence Herszberg, jusqu’alors patronne du festival parisien Séries Mania.
Une annonce surprise alors que Mme Herszberg avait farouchement défendu la candidature de Paris lors de l’appel d’offres par l’Etat. Le transfert de Mme Herszberg de Paris à Lille se fera, en outre, avec toute son équipe, qui travaillera avec une autre équipe régionale installée à Lille. Ces départs devraient signer la fin du festival parisien, qui avait pourtant fêté avec succès sa huitième édition, en avril.
« J’ai bon espoir »
Histoire d’enfoncer un peu plus le clou, M. Bertrand, grand gagnant de cette partie de poker politique, a ajouté qu’il souhaitait que le festival de Lille s’intitule « Séries Mania-Festival international des séries » pour qu’il n’y ait plus de confusion. Encore faut-il qu’Anne Hidalgo, la maire PS de Paris, veuille bien céder le nom « Séries Mania », propriété du Forum des images qui dépend de la Ville de Paris. Jeudi, la mairie de Paris n’avait pas répondu à notre demande d’entretien. « J’ai bon espoir », a indiqué M. Bertrand, qui a récemment rencontré Mme Hidalgo ainsi que David Lisnard, le maire LR de Cannes – « un ami politique » –, pour que ce dernier renonce à son propre festival international de séries annoncé pour avril 2018, juste avant le Festival du film.
« Cela va être difficile pour la première édition, mais il est clair qu’à terme, Cannes devrait se rallier à Lille pour n’avoir plus qu’un seul festival et ce sera beaucoup plus facile qu’on ne l’imagine », a promis M. Bertrand. Il a déjà obtenu que Canal+, partenaire de Cannes, ne pratique aucune exclusivité pour l’envoi de séries sur la Croisette.
Enfin, il espère que Marie Baracco, directrice du festival Séries Série, organisé chaque année à Fontainebleau (Seine-et-Marne) et soutenu par la région Ile-de-France, dirigée par la présidente LR Valérie Pécresse, rejoindra l’équipe lilloise bien que l’entente entre elle et Mme Herszberg ne soit pas la meilleure.
« Seule la culture peut faire reculer la misère et la colère »
M. Bertrand a (presque) réussi à éliminer tous ses concurrents… Pour réussir ce festival, le président de la région, allié à Martine Aubry, la maire socialiste de Lille, a décidé de mettre les moyens. Avec, au départ, 5 millions d’euros de budget dont 1 million apporté par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), 3,5 millions d’euros par la région et 500 000 euros par des investisseurs privés, le festival bénéficiera de toutes les attentions de la région, qui augmentera son budget au fil des années. De plus, un marché européen réunissant pour la première fois créateurs et décideurs économiques sera organisé pendant le festival afin de faciliter les productions.
Pour M. Bertrand, le festival devra être « un grand événement populaire » avec des projections gratuites, des débats et des rencontres qui se dérouleront dans tout Lille. « Pour la région, il est important que tout à chacun ait accès à la culture, car elle seule peut faire reculer la misère et la colère », affirme M. Bertrand, qui fait face à une forte implantation du Front national sur ces terres. « L’important n’est pas d’avoir obtenu l’organisation de ce festival, mais de le réussir et l’installer », souligne-t-il.