Violences obstétricales : des gynécologues contestent les chiffres de Marlène Schiappa
Violences obstétricales : des gynécologues contestent les chiffres de Marlène Schiappa
Le Monde.fr avec AFP
La secrétaire d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes a affirmé qu’il y avait « 75 % d’épisiotomies » en France. Le Collège national des gynécologues dénonce des « informations fausses ».
Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a protesté, lundi 24 juillet, contre ce qu’il juge être des « informations fausses » relayées par la secrétaire d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Cette dernière a affirmé, lors d’une audition devant la délégation aux droits des femmes du Sénat, qu’il y avait « 75 % d’épisiotomies » en France et commandé un rapport sur les violences obstétricales.
« Non, madame la secrétaire d’Etat, les obstétriciens ne maltraitent pas leurs patientes et entendent à leur tour ne pas l’être par une secrétaire d’Etat mal informée », écrit lundi le président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), le professeur Israël Nisand.
Dans une lettre ouverte à Mme Schiappa, les membres du CNGOF se disent « à la fois surpris et profondément choqués » par « le relais » qu’elle donne à « des informations fausses ».
« On a un taux d’épisiotomies à 75 % »
Ils mettent en cause les propos tenus par la secrétaire d’Etat devant la délégation aux droits des femmes du Sénat, jeudi 20 juillet. « En France, on a un taux d’épisiotomies à 75 %, alors que l’OMS préconise, je crois normalement, d’être autour de 20-25 % », a-t-elle dit (à neuf minutes cinquante sur la vidéo qui retranscrit l’audition).
Il y a des « pratiques obstétricales non consenties avec notamment des violences obstétricales, semble-t-il, particulièrement sur les femmes étrangères, les femmes très jeunes, et les femmes handicapées », avait ajouté Mme Schiappa, annonçant avoir commandé un rapport sur le sujet au Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.
« Vos chiffres sont faux », lui rétorque le CNGOF. « La dernière évaluation officielle et publique réalisée en 2010 rapportait 27 %, avec une réduction de moitié depuis le décompte précédent qui était de 55 % en 1998 », dit-il.
« Lorsque vous parlez de violences obstétricales, vous maltraitez notre profession dans son ensemble », poursuit-il, jugeant « injuste et néfaste » « d’induire une telle perte de confiance envers les gynécologues et obstétriciens ».