Un journaliste marocain condamné à trois mois de prison ferme à Al-Hoceima
Un journaliste marocain condamné à trois mois de prison ferme à Al-Hoceima
Le Monde.fr avec AFP
Hamid Al-Mahdaoui, directeur du site Badil.info, a été jugé coupable d’avoir contribué à l’organisation d’une manifestation interdite.
Le tribunal d’Al-Hoceima a condamné, mardi 25 juillet, à trois mois de prison ferme et à une amende de 20 000 dirhams (environ 1 800 euros) le journaliste marocain Hamid Al-Mahdaoui pour avoir « invité » des personnes à « participer à une manifestation interdite », a indiqué Badil. info, le site d’information qu’il dirige. Il peut interjeter appel de cette décision.
M. Al-Mahdaoui avait été arrêté jeudi avant le début d’une manifestation à Al-Hoceima. Interdite par les autorités, celle-ci s’était quand même tenue et avait été réprimée par les forces de l’ordre. La ville du Rif est l’épicentre d’un mouvement contestataire qui dure depuis la mort accidentelle, en octobre 2016, du vendeur ambulant Mouhcine Fikri dans une benne à ordure.
Connu pour ses prises de position critiques envers le pouvoir marocain, pour son franc-parler et pour ses vidéos diffusées sur YouTube dans lesquelles il commente en arabe dialectal l’actualité, M. Al-Mahdaoui faisait déjà l’objet de poursuites judiciaires engagées par deux ministres marocains pour « diffamation ».
RSF dénonce des « entraves » à l’information
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), association basée à New York, avait appelé vendredi à la libération du directeur de Badil. info et à l’abandon de « toutes les charges » contre lui. Reporters sans frontières (RSF), qui a répertorié sept « journalistes-citoyens et collaborateurs de médias » arrêtés dans la région depuis neuf mois, a pour sa part dénoncé samedi « l’attitude des autorités marocaines », qui « entravent » selon l’ONG la couverture de la contestation dans le Rif.
Le Maroc, qui a reculé de deux places (133e sur 180 pays) dans le dernier classement mondial de RSF sur la liberté de la presse, continue de « pâtir de nombreux problèmes s’agissant de la liberté de la presse », d’après la même organisation : « Expulsions de journalistes étrangers couvrant des sujets sensibles, lignes rouges infranchissables dont la monarchie et l’islam, entraves à l’information indépendante au Sahara occidental… auxquelles viennent s’ajouter depuis quelques semaines celles du Rif », selon RSF.