Obamacare ne sera pas abrogé sans une solution de rechange
Obamacare ne sera pas abrogé sans une solution de rechange
Le Monde.fr avec AFP
Le vote du Sénat mercredi tempère l’enthousiasme de Donald Trump quant à la fin « du cauchemar Obamacare ». Sept républicains ont rejeté son démantèlement pur et simple.
La républicaine, Lisa Murkowski (Alaska) a été pointée du doigt par Donald Trump pour ne pas avoir voté mercredi l’abrogation sans remplacement de l’Obamacare. | CHIP SOMODEVILLA / AFP
Revigorés par leur courte victoire de la veille, les républicains ont connu le mercredi 26 juillet un dur retour à la réalité quand le Sénat, où ils ont pourtant la majorité, a torpillé leur projet d’abroger purement et simplement l’Obamacare.
Par 55 voix, dont sept républicaines, la Chambre haute du Congrès a rejeté ce projet de démantèlement sans remplacement de la loi existante, qui aurait laissé des dizaines de millions d’Américains sans couverture santé.
Le Sénat avait voté de justesse mardi pour une simple motion de procédure qui autorisait la réouverture des débats, avec pour objectif d’adopter cette semaine un projet de loi abrogeant au moins partiellement Obamacare.
Une décision saluée par le président Trump, qui a parlé mardi d’« un pas de géant vers la fin du cauchemar Obamacare », qui pourrait finalement conduire à « un plan qui va être vraiment, vraiment merveilleux pour le peuple américain ».
Mais l’accalmie a été de courte durée pour des républicains divisés, qui n’arrivent pour l’instant pas à s’entendre sur le contenu de leur réforme du système de santé.
Quelques heures après le vote décisif du vice-président Mike Pence pour départager un Sénat divisé à égalité (50-50) mardi, neuf sénateurs républicains s’étaient déjà joints à l’opposition démocrate pour rejeter un projet d’abrogation et de remplacement complet d’Obamacare.
Démantèlement limité d’Obamacare
Les tentatives de Mitch McConnell, le chef des républicains au Sénat, pour abroger Obamacare sans proposer de remplacement, étaient donc déjà vouées à l’échec. Avant le vote, plusieurs sénateurs républicains s’étaient opposés publiquement à cette solution.
« Nous sommes déterminés à faire tout notre possible pour réussir », a-t-il cependant insisté, suggérant que la nouvelle loi pourra prendre plusieurs formes en raison de la liberté laissée aux sénateurs de déposer des amendements.
« Je sais que les membres des deux partis ont des idées à offrir sur le système de santé (…) Proposez-les au vote », a-t-il déclaré.
L’approche qui est en train de gagner du terrain chez les républicains est celle d’un démantèlement limité d’Obamacare.
Cette option baptisée « abrogation réduite » éliminerait l’obligation faite aux particuliers de souscrire à une assurance-santé sous peine d’amende et celle faite aux entreprises de proposer une couverture à leurs salariés. Cette réforme a minima éliminerait également une taxe sur les fabricants d’équipements médicaux.
Les chefs républicains ne comptent pas faire de ce projet une loi à part entière, mais plutôt de l’utiliser comme base de négociations dans les allers-retours avec la Chambre des représentants.
Cette approche suscite de vives critiques des démocrates, qui ont prévenu qu’une abrogation d’Obamacare entraînera des coupes importantes dans Medicaid, le programme d’assurance maladie pour les plus pauvres et les handicapés, ainsi que de généreuses baisses d’impôts pour les plus riches et des primes d’assurance très élevées pour les personnes ayant des antécédents médicaux.
Profondes divisions
« C’est un cheval de Troie conçu pour rassembler le Sénat et la Chambre, où l’aile droite des républicains, le “Freedom Caucus”, exigera une abrogation pure et simple, ou quelque chose de très proche », a déclaré le chef de file démocrate du Sénat, Chuck Schumer.
« Il n’y a pas de bonne porte de sortie », a-t-il ajouté.
La Chambre basse a déjà adopté une abrogation d’Obamacare et une nouvelle réforme du système de santé en mai 2017, mais le projet de loi a échoué au Sénat. Le Sénat avait alors a élaboré sa propre réforme, également rejetée.
Les deux chambres devront adopter une loi identique avant qu’elle ne puisse être signée par le président.
Mais les profondes divisions au sein du Parti républicain sur cette question font douter de la capacité du Congrès à approuver une réforme du système de santé américain.
Donald Trump a mis tout son poids pour tenir sa promesse d’en finir avec Obamacare, cherchant à cajoler et à menacer plusieurs sénateurs républicains récalcitrants.
Le président américain s’en est notamment pris à une sénatrice modérée qui a voté mardi contre la réouverture des débats sur l’abrogation d’Obamacare.
Mercredi, il tweetait : « Le sénatrice Lisa Murkowski du grand Etat de l’Alaska a vraiment laissé tomber les républicains et notre pays hier. Dommage ! »