Christian Taylor est le grand favori de la finale du triple saut jeudi 10 août à Londres. / DYLAN MARTINEZ / REUTERS

Un seul athlète français disputera l’une des trois finales du soir, le triple sauteur Jean-Marc Pontvianne. Mahiedine Mekhissi participera quand même à la première série du 1 500 m. Mais les grands rendez-vous seront à observer du côté du bac à sable avec le grand favori du triple saut Christian Taylor et sur le demi-tour de piste où Wayde van Niekerk tentera le doublé 200-400 mètres qu’Isaac Makwala fera tout pour l’empêcher de réaliser.

  • La story

Tous les jours Christian Taylor raconte aux téléspectateurs de CNN sports la finale qu’il ne faut, selon lui, absolument pas manquer à Londres. Jeudi 10 août, devra-t-il être schizophrène pour parler de lui-même comme si c’était un autre ? Car oui, si le duel Isaac Makwala-Wayde van Niekerk est forcément attendu en finale du 200 m, encore plus depuis l’épisode de gastro-entérite, quarantaine et série en solitaire du Botswanais, le concours de triple saut dont l’Américain est le grand favori promet aussi d’être extraordinaire. La finale féminine, remportée par la Vénézuélienne Yulimar Rojas avait déjà été pleine de suspense.

C’est bien simple, depuis les Mondiaux de 2011 à Daegu, Christian Taylor a presque tout gagné. Seul le Français Teddy Tamgho, qui n’en finit plus d’être blessé et dont on ne connaît pas la suite de la carrière à l’instant où l’on écrit, l’a battu et privé deux titres mondiaux : l’un en plein air à Moscou en 2013 et l’autre en salle à Istanbul l’année précédente. A 27 ans, Taylor est double champion olympique et double champion du monde.

Jusqu’en 2010, ce fils d’un Barbadien (Barbade), qui est né et a grandi dans l’Etat de Géorgie, menait de front deux disciplines, le saut en longueur et le triple saut. En 2007, il était ainsi champion du monde cadet de triple saut et médaillé de bronze à la longueur. En 2008, lors des Mondiaux junior, il prenait une 7place à la longueur et une 8place au triple saut. C’est en 2011, après s’être concentré sur sa discipline actuelle, qu’il éclate au plus haut niveau. Il remporte son premier titre national et décroche l’or mondial en Corée du Sud dans la foulée. Suivent ses victoires aux JO de Londres en 2012, aux Mondiaux de Pékin en 2015 et aux JO de Rio en 2016.

« Les qualités nécessaires à un triple-sauteur sont la vitesse, la biométrie et la puissance. Que cela soit Teddy ou lui, ils sont extrêmement rapides et ils arrivent à le concilier avec leur course d’élan. C’est pour cela qu’ils sont au-dessus des autres », complète Yoann Rapinier, triple-sauteur français pas présent à Londres. Mais là où Teddy Tamgho a enchaîné les graves blessures, Christian Taylor a su s’adapter.

Constance au plus haut niveau

Cette constance au plus haut niveau impressionne ses adversaires. Quatrième des Championnats d’Europe 2014, Rapinier l’explicite : « C’est rare de voir une telle longévité au plus haut niveau car le triple saut est une discipline très traumatisante ». D’ailleurs, en 2014, à la suite de blessures à répétition à la jambe gauche, Taylor avait choisi de changer de pied d’appel et d’utiliser le droit. Une qualité d’adaptation qui lui a peut-être permis d’éviter les pépins physiques.

De retour à Londres cinq ans après sa médaille d’or olympique, le triple sauteur se présente avec la meilleure performance mondiale de l’année, d’impressionnants 18,11 m réalisés à Eugene le 27 mai dernier. Il n’a eu besoin que d’un triple bond, modeste pour lui à 17,15 m, pour se qualifier sans encombres pour la finale. Et il n’est pas rassasié : « J’adore gagner, je ne prends jamais ça pour acquis. Dans le même temps, je veux être le meilleur de tous les temps. Il me manque huit centimètres pour ça. Je ne veux pas le partager. »

Par ses propos, Christian Taylor vise explicitement le record du monde du triple saut, détenu depuis les Mondiaux de Göteborg en 1995 par le Britannique Jonathan Edwards, surnommé le Goéland. En 2015, pendant la finale des Mondiaux de Pékin, Taylor avait échoué à 8 centimètres (18,21 m contre 18,29 m) de cette marque que l’on a longtemps crue indépassable.

Christian Taylor 18.21m WL, PB 2nd AllTime Triple Jump Final World Champs 2015

A Londres, toutes les conditions seront réunies pour battre ce record. La concurrence de ses compatriotes Will Claye (17,91 m) et Chris Benard (17,48 m), ou encore du Cubain Andy Diaz (17,40 m), pourraient le galvaniser. « C’est un guerrier sur la piste. Il n’aime rien tant que l’adversité. Quand un sauteur passe devant dans un concours, il sourit. ça lui fait plaisir », raconte Yoann Rapinier.

En cas d’échec, Taylor aura une nouvelle chance plutôt originale : « Le saut des géants » qui aura lieu à Tignes, à 3 000 mètres d’altitude au pied du glacier de la Grande-Motte. On se souvient qu’en 1968 Bob Beamon avait profité des cimes mexicaines (2 240 m) pour réussir ses 8,90 m à la longueur.

  • Hors piste

On ne pouvait pas vous priver de cette série rocambolesque d’Isaac Makwala sur 200 m. Et si vous l’avez déjà vue, vous avez certainement encore envie de la visionner à nouveau. Dénouement de l’affaire ce soir lors de la finale à partir de 22 h 52.

Les célébrations du sprinteur botswanais inspirent certains fans. Après la gastro-entérite qui a touché les Mondiaux, y aura-t-il une épidémie de Makwala challenge après la finale du 200 m ?

Et pendant ce temps, que fait le nouveau médaillé de bronze du 100 m ? A deux jours du relais 4 × 100 m, où la Jamaïque tentera de prendre sa revanche sur les sprinteurs américains, Usain Bolt pose avec la reine Merlene Ottey. Ils pèsent la bagatelle de vingt-huit médailles mondiales et dix-sept olympiques à eux deux…

  • En piste

21 h 20 : finale du triple saut masculin

22 h 35 : finale du 400 m haies féminin

22 h 52 : finale du 200 m masculin