La FAGE dénonce le poids des mutuelles de santé sur le budget des étudiants
La FAGE dénonce le poids des mutuelles de santé sur le budget des étudiants
Par Eric Nunès
Dans son rapport annuel, le syndicat appelle à affilier les étudiants au régime général, une promesse du candidat Macron lors de l’élection présidentielle.
Des étudiants de l’université Pierre et Marie Curie à Paris (UPMC) / CAMILLE STROMBONI/CC BY-ND 2.0
Les mutuelles de santé étudiantes grèvent inutilement le budget des étudiants, souligne la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE, premier syndicat étudiant), dans son rapport annuel sur le « coût de la rentrée », dévoilé lundi 28 août. Alors que l’inflation est atone (+ 0,7 % selon l’Insee), les frais de rentrée ne cessent, eux, de grimper (+ 2,36 %). Un bond qui « s’explique majoritairement pas la hausse des frais de complémentaire santé (8,73 %) », selon la FAGE. L’évolution des montants « démontre, s’il était encore nécessaire, l’inadéquation de l’offre qu’elles proposent aux réalités financières des jeunes ».
Les défaillances des mutuelles étudiantes sont régulièrement dénoncées depuis des années. Plusieurs rapports de l’association de consommateurs UFC-Que choisir, du Défenseur des droits et de la Cour des comptes ont fait état de dysfonctionnements dans les missions qui leur sont confiées. Une mauvaise gestion qui a valu à l’une d’elles, La Mutuelle des étudiants (LMDE), en 2015, de voir transféré à l’Assurance-maladie le cœur de ses compétences : la gestion du régime obligatoire de Sécurité sociale de ses quelque 835 000 affiliés. Les mutuelles régionales concurrentes l’ont pour leur part conservée.
Selon la FAGE, les mutuelles « jouent bien souvent sur la méconnaissance des néobacheliers d’un système complexe pour leur vendre à leur insu ou par insistance des produits de complémentaire en dehors du régime obligatoire. 25 % ignorent qu’elles ne sont pas obligatoires. » A cela s’ajouteraient des retards dans la distribution des cartes Vitale, des délais de remboursement particulièrement longs. Si certaines mutuelles enregistrent peu de récriminations des usagers, d’autres « sont catastrophiques », notamment « la MEP », dénonce Jimmy Losfeld, président de la FAGE.
« Exception française »
La solution, selon le syndicat étudiant : « Mettre fin à la délégation de service public confiée aux mutuelles pour le régime obligatoire de la Sécurité sociale. » Une revendication reprise par le candidat Macron en mars, durant la campagne présidentielle. « Il est temps de mettre fin à cette exception française, inefficace et dispendieuse », déclarait le candidat dans un communiqué. Un ultimatum que la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, a rappelé, jeudi 24 août sur France Info : à la rentrée 2018, « les étudiants pourraient bénéficier du régime général de la Sécurité sociale. » En clair, l’ensemble des mutuelles doivent se préparer à voir leur échapper la gestion du régime obligatoire.
D’autres acteurs sont également favorables à une remise à plat du système de mutuelle étudiante. « Il est aujourd’hui coûteux, complexe et inefficace, affirme Mathieu Escot, chargé des études au sein de l’UFC-Que choisir. Coûteux car il met les mutuelles en concurrence sur une mission de service public. Cela engendre des dépenses de communication, de marketing pour des dizaines de millions d’euros. Complexe car les étudiants doivent se réaffilier chaque année, une source de dysfonctionnement, de retards. » Enfin « inefficace » si l’objectif est également de ménager la bourse des étudiants, car « les mutuelles incitent leurs commerciaux à jouer l’ambiguïté entre leurs missions de service et leur activité commerciale », poursuit Mathieu Escot.
« Un cadeau politique »
Toutefois, pour ces dernières, les critiques relayées par la FAGE sont sans lien avec la réalité du terrain. « Les chiffres avancés par le rapport démontrent juste la méconnaissance du syndicat étudiant des métiers de la santé et de ses acteurs mutualistes, dont le principe est la solidarité », riposte Ahmed Hegazy, président d’Emevia, réseau national des mutuelles étudiantes régionales. « Sur 160 000 étudiants affiliés via la Smeno, seuls 20 000 ont une complémentaire santé. On veut faire croire que nous vampirisons les étudiants. Ce n’est pas une réalité. » Selon le patron mutualiste, l’annonce de la ministre est davantage un mouvement de stratégie politique qu’un plan pour le mieux-être des étudiants. « Un cadeau politique fait à la FAGE », avance Ahmed Hegazy, en échange « d’une paix sociale dans les universités à la rentrée 2017 ».
En effet, alors que la baisse de 5 euros des aides au logement passe plutôt mal au sein de la population étudiante, Jimmy Losfeld qualifie d’« intéressantes » les pistes de travail évoquées par Mme Vidal pour la rentrée 2018. On y trouve un plan de création de 60 000 logements étudiants et d’un dispositif de cautionnement locatif par l’Etat. Parallèlement, le plan de construction de 40 000 logements décidé au début du précédent quinquennat n’est toujours pas achevé.
Le coût du logement pèse sur les étudiants
En 2017, l’augmentation des frais de vie courante pour la population estudiantine s’élève à 1,4 % selon l’étude annuelle réalisée par la Fédération des associations générales d’étudiants (Fage), publiée le 28 août. Se loger constitue une charge particulièrement lourde. Les loyers grimpent ainsi en moyenne de 1,87 % au niveau national. En moyenne, un étudiant débourse 465,93 euros pour un logement de 20 mètres carrés, soit près de « 50 % des frais de vie courante » note la Fage. Un chiffre qui corrobore l’enquête annuelle de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), publiée le 20 août, qui estime à 53 % du budget étudiant les charges liées au logement. Les raisons de cette hausse : le « manque quantitatif de logements, l’explosion des loyers » et les charges, notamment l’assurance du logement, « de 3,33 % plus chère en Ile-de-France et de 5,04 % en région ».