« Home » : la banalité du mal de vivre adolescent
« Home » : la banalité du mal de vivre adolescent
Par Thomas Sotinel
La réalisatrice Fien Troch étudie avec attention mais sans passion les circonstances qui font surgir un crime dans la vie quotidienne de lycéens.
Ce sont des adolescents comme on en voit dans les rues de toutes les grandes villes du monde, sur les écrans de tous les festivals : coupés du monde des adultes par une ignorance réciproque, les yeux rivés sur les écrans de leurs téléphones. Ceux de Home parlent flamand. Ils vont au lycée, à une exception, celle de Kevin, qui vient d’être libéré d’un établissement pénal indéterminé.
Fien Troch, qui a écrit et réalisé ce long-métrage, les filme un peu comme ils se filment eux-mêmes, à grands coups de caméra, balayant l’espace pour aller d’un visage à l’autre. Ils ne disent rien de bien intéressant, et pendant longtemps, la justesse du regard ne suffit pas à justifier qu’on passe autant de temps – nous, les vieux spectateurs de cinéma – en leur compagnie.
Un quotidien étouffant
Et puis survient un événement violent, qui sort la trajectoire de ce petit groupe de la médiocrité ordinaire mise en scène pendant les deux premiers tiers du film. C’est bien tard, et l’on dirait que la cinéaste ne sait trop qu’en faire, que cette transgression (qui répond à une autre, révoltante elle aussi) est étouffée par le même bruit de fond numérique que la vie quotidienne de ses personnages, par leur incapacité à exprimer leurs émotions. Là encore, l’acuité de l’observation ne suffit pas à détacher personnages et récit d’un quotidien étouffant.
"Home" de Fien Troch - Bande-annonce
Durée : 02:07
Film belge de Fien Troch. Avec Sebastian Van Dun, Lena Sujkerbuijk, Mistral Guidotti (1 h 43). Sur le Web : www.jhrfilms.com/soon