Avec Airlab, Airparif veut développer des projets concrets pour lutter contre la pollution
Avec Airlab, Airparif veut développer des projets concrets pour lutter contre la pollution
Par Stéphane Mandard
L’organisme indépendant qui surveille la qualité de l’air en Ile-de-France met en place une structure favorisant l’émergence et l’accompagnement de projets innovants.
Dans le laboratoire d’Airparif, à Paris, mercredi 20 septembre. / Stéphane Mandard
Airparif, l’organisme indépendant qui surveille la qualité de l’air en Ile-de-France, a décidé de passer à la vitesse supérieure. A l’occasion de la Journée nationale de la qualité de l’air, mercredi 20 septembre, il a lancé Airlab, une structure dont l’ambition est de favoriser l’émergence et l’accompagnement de projets innovants apportant des réponses concrètes à la problématique de la qualité de l’air.
« La qualité de l’air en Ile-de-France s’améliore, mais pas suffisamment puisque 1,4 million de Franciliens sont encore exposés à des dépassements [en particules fines (PM10) et dioxydes d’azote (NO2)]. Nous avons voulu accélérer », explique Frédéric Bouvier, le directeur d’Airparif.
Partant du constat qu’« il n’y a pas de solution miracle contre la pollution de l’air », Airparif a adopté « la technique américaine de la “Black box”, qui consiste à mettre en place un écosystème qui va permettre de résoudre la question ».
Dans cette optique, Airlab « rassemble des gens pas toujours habitués à travailler ensemble », poursuit M. Bouvier. Parmi ses partenaires fondateurs figurent des collectivités (région Ile-de-France, mairie de Paris, métropole du Grand Paris, préfecture) et des grandes entreprises (SNCF Logistics, EDF, Engie, Veolia, Air Liquide, Icade). Cette « communauté Airlab » s’élargit aux PME et start-up (Acoem Group, Aria Technologies, Climate City, Geo4cast, etc.) et sera aussi ouverte aux équipes de recherche et aux associations.
« Excellence environnementale et économique »
Car si Airlab veut d’abord répondre à un objectif de protection de la santé et du climat, il veut aussi « aider les entreprises françaises à s’installer sur ce nouveau marché de la qualité de l’air, en expérimentant des solutions à Paris et en Ile-de-France et en les valorisant au niveau national et international », développe M. Bouvier.
« L’excellence environnementale, c’est aussi de l’excellence économique, car le coût de la pollution de l’air, c’est 100 milliards d’euros par an pour la France, donc cela amoindrit nos performances économiques, dit en écho Christophe Najdovski, adjoint aux transports à la mairie de Paris. Trouver des modes de propulsion des véhicules propres, améliorer les performances énergétiques des bâtiments ou des poêles à bois, ce sont des gisements d’emplois. »
« Lieu de partage et terrains d’expérimentation »
« Quand nous avons demandé à notre réseau de PME et de start-up ce dont ils avaient besoin, ils nous ont répondu un lieu de partage et des terrains d’expérimentation », raconte le directeur d’Airparif. Pour échanger leurs moyens, savoir-faire et données (en privilégiant l’open data), la communauté Airlab dispose d’un site : www.airlab.solutions. En ce qui concerne les terrains d’expérimentation, précise M. Bouvier, « nous avons la chance, en Ile-de-France, d’avoir des quartiers et des bâtiments où nous pourrons tester les solutions ».
Les thématiques abordées se veulent aussi diverses que les participants : mesure précise des émissions et des niveaux de pollution, diminution des émissions selon les sources (transport, bâtiments, industrie et agriculture), dépollution des sites et des édifices, ou encore lien avec le changement climatique.
Pour répondre à l’ensemble de ces thématiques le « labo de l’air » mobilisera plusieurs champs scientifiques : chimie, informatique, ingénierie, mais aussi design ou sciences du comportement.
Six projets déjà dans les tuyaux
Six projets, proposés par des partenaires fondateurs, sont déjà engagés. Celui porté par Veolia et Icade, par exemple, concerne le bâtiment connecté et doit être expérimenté dans la tour PB5 de la Défense à partir du printemps 2018. L’objectif est d’anticiper et améliorer la qualité de l’air intérieur (nous passons 80 % de notre temps à l’intérieur d’un bâtiment) en fonction de la configuration des bâtiments (activité, ventilation, matériaux, etc.) grâce à une nouvelle génération de capteurs.
Dans un autre registre, d’ici à la fin de l’année, SNCF Logistics, par sa filiale Geodis, transformera un de ses véhicules électriques de livraison en « laboratoire ambulant ». Equipé d’une mini-station et de capteurs, il mesurera les émissions de NO2 et de particules lors de ces trajets de 7 h 30 à 19 heures, six jours sur sept. Dans un premier temps, le véhicule circulera autour du quartier des Halles, dans les 1er, 2e et 3e arrondissements. L’expérience sera élargie si elle est concluante.
Airparif se chargera d’évaluer chaque projet porté par Airlab et de mesurer leur impact. Une personne à temps plein s’occupera de la nouvelle structure, qui mobilisera aussi quatre à cinq salariés. Le budget initial (100 000 euros de la région Ile-de-France) devrait être « au moins triplé l’an prochain » grâce aux contributions des autres partenaires.
Airparif espère récupérer un financement de 1 million d’euros par le budget participatif de la ville de Paris sur l’un des six premiers projets estampillé « Airlab », #Airinfos, qui vise à améliorer l’information des Parisiens sur leur exposition à la pollution. Car si les porteurs de projets d’Airlab partagent tous le même objectif de trouver des solutions pour améliorer la qualité de l’air, la solution passe aussi par des financements.