Automobile : Montréal débranche la formule E
Automobile : Montréal débranche la formule E
Le Monde.fr avec AFP
La nouvelle maire de Montréal, Valérie Plante, a renoncé à accueillir la clôture du championnat, citant le « fiasco financier » de l’édition précédente et l’intransigeance des organisateurs.
Lors de l’ePrix de Montréal (Canada) les 28 et 29 juillet 2017. / FORMULA E/FIA
C’est un coup dur pour la formule E, le championnat du monde des monoplaces électriques, qui cherche encore sa place parmi les multiples compétitions de course automobile. Alors que la quatrième saison a débuté les 2 et 3 décembre à Hongkong, dans l’optimisme né du ralliement de nouveaux constructeurs, nul ne sait où, quand et comment elle va se terminer. La double course de clôture des 28 et 29 juillet à Montréal vient en effet d’être annulée par la nouvelle maire, Valérie Plante. Celle-ci a justifié sa décision, lundi 18 décembre, lors d’une conférence de presse, par le « fiasco financier » du dernier double ePrix de juillet.
Selon la maire, le promoteur de la course, Montréal c’est électrique (MCE), aurait utilisé la quasi-totalité du crédit accordé par la municipalité, d’un montant de 10 millions de dollars canadiens (soit 6,6 millions d’euros) et aurait toujours des impayés pour plus de 6 millions de dollars.
La maire de Montréal Valérie Plante, ici lors de la conférence climat, le 5 décembre à Chicago. | CHARLES REX ARBOGAST / AP
La déroute financière n’est pas la seule cause déclarée de l’annulation. Valérie Plante accuse également les « dirigeants de la formule E », à savoir Formula One Group, de faire preuve d’intransigeance. Pour avoir le temps de bâtir un modèle économique équilibré, la mairie a en effet demandé à faire une « pause d’un an au calendrier », ce qu’elle estimait être « une alternative intéressante ». Mais « les dirigeants de la formule E ont catégoriquement rejeté l’option », a déploré Valérie Plante.
« Cette situation est uniquement due à l’improvisation de l’ancienne administration et au montage financier irréaliste, déconnecté, voire douteux » des promoteurs. »
Selon la presse locale, Montréal est une des rares villes-hôtes de FE payant des droits de course au Formula One Group — ce qui n’est pas le cas de Paris — pour un montant de 1,75 million de dollars canadiens (1,15 million d’euros). Au total, la ville aurait dépensé entre 16,5 et 26,5 millions de dollars (entre 10,8 et 17,4 millions d’euros) pour l’événement.
20 000 places ont été offertes lors du double ePrix de Montréal des 28 et 29 juillet 2017. | FORMULA E/FIA
Thème de la campagne municipale
En retour, les recettes n’ont pas été à la hauteur des espérances de l’ancien maire Denis Coderre, battu aux municipales du 5 novembre. M. Coderre s’était personnellement impliqué dans le projet de courses de monoplaces « propres ». Artisan de la course, il semblait encore persuadé le 25 juillet que « ça allait marcher ». Mais il avait été contraint d’admettre, juste avant le scrutin, que, pour garantir un public suffisant, 20 000 billets avaient été donnés et 25 000 offerts aux sponsors.
Denis Coderre avait également insisté sur le fait que les investissements de 2017 — dont l’achat de murets spécifiques — seraient étalés sur six ans, la ville ayant signé un contrat de trois ans avec la FE avec une option de prolongation de trois ans.
L’ancien maire, Denis Coderre, s'était beaucoup impliqué dans l'organisation du double ePrix de Montréal 2017. | FORMULA E/FIA
L’organisateur « surpris et déçu »
Malgré cela, M. Coderre a reconnu la nécessité de « faire mieux » en 2018. Et pas uniquement d’un point de vue financier. Les riverains, enclavés, n’ont pas apprécié de voir leur circulation restreinte. La fermeture du périphérique durant plusieurs jours a provoqué des embouteillages monstres et les commerçants ont été pénalisés.
C’est ce dernier point qui a incité la candidate Valérie Plante à promettre lors de sa campagne, que, si elle était élue, elle n’accueillerait plus l’ePrix au cœur de la cité et qu’elle reverrait « la participation financière de la ville de Montréal afin d’établir un partenariat plus respectueux du portefeuille des contribuables ».
S’il paraît excessif de dire que l’ePrix de Montréal est la cause de l’échec électoral de M. Coderre, il est sûr qu’il y a contribué. Une fois élue, Valérie Plante a envisagé un éloignement de la double course sur le circuit de formule 1 Gilles-Villeneuve, mais les travaux de remise en état sont trop importants. Et l’éventualité d’un autre tracé a également été écartée.
L’organisateur s’est toutefois déclaré, vendredi 22 décembre, « très surpris et déçu de la décision unilatérale de la maire de Montréal. Un nouveau maire défait ce qu’un ancien maire a fait », a commenté le responsable de la communication Renato Bisignani, ajoutant que « le dossier était désormais entre les mains de la justice canadienne ». La quatrième saison pourrait donc s’arrêter à la mi-juillet, avec le double ePrix de New York.
La prochaine étape aura lieu le 13 janvier à Marrakech, au Maroc, et Paris accueillera la compétition le 29 avril.
Classement du championnat du monde après deux ePrix :
1. Sam Bird (GBR) 35 pts
2. Jean-Eric Vergne (FRA) 33
3. Felix Rosenqvist (SWE) 29
4. Edoardo Mortara (SUI) 24
5. Nick Heidfeld (GER)