Le personnel des Ehpad se mobilise pour dénoncer ses conditions de travail
Le personnel des Ehpad se mobilise pour dénoncer ses conditions de travail
Le Monde.fr avec AFP
A l’appel d’une large intersyndicale, des débrayages dans des établissements pour personnes âgées et des rassemblements sont organisés sur tout le territoire.
Ils se disent « cassés », « usés », « à bout ». Des membres du personnel des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont en grève mardi 30 janvier pour réclamer davantage de moyens afin de s’occuper « dignement » des aînés, une mobilisation nationale inédite dont l’ampleur est difficile à prévoir.
Mobilisation sur tout le territoire
A l’appel d’une large intersyndicale (CGT, CFDT, FO, UNSA, CFTC, CFE-CGC et SUD), avec le soutien de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et de plusieurs associations de retraités, des débrayages sont prévus dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes et dans des services d’aide et de soins à domicile. Des rassemblements sont également organisés sur tout le territoire.
A Paris, il est prévu à 14 heures, devant le ministère des solidarités et de la santé, où une délégation doit être reçue. « Il n’y aura pas un grand rassemblement unique mais une diversité de petites mobilisations », avaient annoncé jeudi à la presse des représentants de l’intersyndicale, car « il est nécessaire d’assurer la continuité des soins et de ne pas abandonner les aînés ».
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a annoncé sa participation au rassemblement parisien, évoquant mardi sur France Inter « une violence institutionnelle », subie à la fois par les personnes âgées et par le personnel des maisons de retraite médicalisées. « Je peux vous assurer qu’il y aura du monde », a pour sa part prédit le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
Buzyn refuse de débloquer davantage de moyens
La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a dit comprendre la colère et « l’épuisement » des membres du personnel des maisons de retraite, tout en refusant de débloquer davantage de fonds pour répondre à leurs revendications.
La colère « est justifiée » dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, « je comprends l’épuisement des personnels », a déclaré la ministre sur France 2. « D’ailleurs nous avons en septembre mis en place un groupe de travail sur la qualité de vie au travail dans les Ehpad et sur les carrières », a-t-elle ajouté, disant attendre ses « recommandations ».
Ces dernières années, « les besoins en personnel ont augmenté sans que forcément les financements suivent », a concédé Mme Buzyn, rappelant que « les personnes âgées qui arrivent en Ehpad sont de plus en plus dépendantes » en raison du développement du maintien à domicile.
Pour 2018, « ces besoins ont été anticipés » et « beaucoup plus d’argent est prévu », a dit la ministre, évoquant les « 100 millions d’euros supplémentaires » prévus par le budget de la Sécurité sociale, auxquels elle a « rajouté » la semaine dernière 50 millions d’euros pour les établissements en difficulté. « C’est déjà énormément d’argent », dit-elle, rejetant l’idée d’aller au-delà. « Le budget des Ehpad » est celui qui va « le plus augmenter dans tout le budget » de la Sécurité sociale, selon la ministre.
Face au mouvement social, sa priorité est « d’expliquer que le budget est en augmentation » malgré une mise en œuvre étalée dans le temps, source du « décalage ressenti par les personnels » par rapport « à l’urgence et aux besoins ». Plus généralement, il faudra « travailler avec l’ensemble des acteurs pour réfléchir au modèle de financement de la dépendance de demain », alors que le nombre de « personnes âgées de plus de 85 ans » doit passer de « 1,5 million » à « 5 millions » en 2050, a dit la ministre.