Le FBI s’inquiète d’un « mémo » républicain sur l’enquête russe
Le FBI s’inquiète d’un « mémo » républicain sur l’enquête russe
Le Monde.fr avec Reuters
L’intervention, rare de la part l’agence fédérale de police, fait suite à l’annonce d’une publication prochaine de cette note confidentielle.
Donald Trump à la Maison Blanche, le 31 janvier. / Andrew Harnik / AP
Le FBI a exprimé mercredi 31 janvier ses « sérieuses préoccupations » concernant l’exactitude d’un mémo top secret émanant de la commission du renseignement de la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains, qui, selon des fuites, dénonce un biais anti-Donald Trump au sein du département de la justice (DoJ).
Cette intervention, rare de la part de la principale agence fédérale de police, fait suite à l’annonce par le secrétaire général de la Maison blanche, John Kelly, qu’il s’attendait à ce que cette note confidentielle soit rapidement rendue publique. De source proche de la Maison blanche, le mémo sera sans doute publié dès jeudi.
Dans un communiqué, le FBI dit avoir eu « une possibilité limitée de passer en revue ce mémo, un jour avant que la Commission vote pour la diffuser » et plaide pour un report de publication de cette note.
« Ainsi que nous l’avons exprimé lors de notre examen initial, nous avons de sérieuses préoccupations relatives à d’importantes omissions factuelles qui ont d’importantes retombées sur l’exactitude de ce mémo. »
Des hauts fonctionnaires du département de la justice ont également estimé que sa diffusion pourrait compromettre des informations classifiées.
Nouvelle arme dans le combat autour de l’affaire russe
Ce mémo est devenu en quelques jours une nouvelle arme dans le combat en cours depuis des mois autour des enquêtes ouvertes sur une éventuelle ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016 et sur une possible collusion entre l’équipe de campagne de Donald Trump et Moscou.
Devin Nunes, le président républicain de la commission parlementaire qui a commandé cette note, juge « fallacieuses » les objections du FBI et du département de la justice.
« Il n’est pas surprenant de voir le FBI et le département de la justice, qui font obstruction depuis près d’un an aux demandes d’information émanant du Congrès, émettre des objections fallacieuses à ce que le peuple américain soit autorisé à voir des informations liées aux abus de ces agences en matière de surveillance. »
La porte-parole de la Maison Blanche Sarah Hackabee-Sanders a rapporté que le président n’avait pas encore lu ce document. Mais M. Trump, à l’issue de son discours sur l’état de l’Union mardi soir, a déclaré à des parlementaires qu’il y avait « 100 % » de chances que celui-ci soit rendu public.
Discréditer le procureur spécial Robert Mueller
Selon un responsable de la présidence américaine, cette note de quatre pages a été remise lundi à la Maison blanche, où les conseillers juridiques étudient s’il y a lieu de l’éditer et de le retravailler pour protéger la sécurité nationale.
Des républicains ont affirmé que ce mémo mettait en évidence un biais anti-Trump au sein du FBI et du département de la justice en s’appuyant notamment sur une demande de prolongation de la mise sur écoute de Carter Page, conseiller du milliardaire durant la campagne électorale, en mars 2017.
Les élus démocrates, empêchés par la majorité de diffuser une note en contrepoint, ont dénoncé un usage sélectif d’informations hautement classifiées afin de discréditer le procureur spécial Robert Mueller, qui dirige l’enquête russe, et le numéro deux du DoJ, Rod Rosenstein, qui l’a nommé au mois de mai 2017.
Dans une tribune publiée mercredi dans le Washington Post, Adam Schiff, principal représentant du Parti démocrate au sein de la commission du renseignement, affirme que ce mémo a pour seul objectif de permettre à M. Trump de limoger M. Mueller ou M. Rosenstein.