La ZAD de Notre-Dame-des-Landes veut construire son futur
La ZAD de Notre-Dame-des-Landes veut construire son futur
Par Rémi Barroux
Des milliers de personnes sont attendues lors du rassemblement « Enracinons l’avenir », samedi, organisé par les opposants au projet d’aéroport nantais, désormais abandonné.
Le projet d’aéroport à NDDL a été abandonné. Ce rassemblement aura donc une tonalité différente des précédents. / LOIC VENANCE / AFP
« Bonjour Monsieur, la ZAD, c’est où ? » Perdus dans le centre du petit bourg de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), trois jeunes Toulousains, qui ont fait le déplacement en voiture, cherchent à rejoindre, ce vendredi 9 février, dans la nuit glacée, le lieu du rassemblement qui est organisé, le lendemain, par les opposants au projet d’aéroport et qui occupent la zone d’aménagement différée (ZAD), devenue au fil des années la zone à défendre.
Ils dormiront dans la voiture en attendant que les deux cortèges se forment dès 10 heures à Saint-Jean-du-Tertre et au Gourbi, pour converger vers la ferme de Bellevue, au cœur de la ZAD. Comme les trois Toulousains, de nombreuses voitures, camping-cars et camionnettes cherchent dans la nuit des endroits où se parquer.
Mais tous ces soutiens de la lutte contre le projet d’aéroport ne viendront pas, cette fois, comme ils l’ont fait à de nombreuses reprises ces cinq dernières années, pour défendre physiquement la zone et ses occupants – agriculteurs, militants écologistes, altermondialistes, anticapitalistes, etc.
Car ce projet de nouvelle infrastructure aéroportuaire, à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes, ancien d’une cinquantaine d’années, a été officiellement abandonné. Et la déclaration d’utilité publique, qui remonte à 2008, est tombée le 9 février, dix ans après sa promulgation. « J’ai pris la décision d’arrêter ce projet car les conditions n’étaient pas réunies (…), mon objectif était de sortir d’une situation de blocage et d’indécision dont personne ne savait comment sortir », déclarait, le 17 janvier, le premier ministre Edouard Philippe. Il laissait également jusqu’au printemps, soit la fin du mois de mars, aux occupants illégaux pour « partir d’eux-mêmes ».
Poser des jalons
Alors, ce 10 février n’est pas tant une fête pour la victoire des agriculteurs, des zadistes et de leurs nombreux soutiens – plusieurs milliers de participants sont attendus à Notre-Dame-des-Landes – qu’un rendez-vous pour poser des jalons pour le futur de la ZAD. Et la coordination du mouvement (« habitant-e-s de la ZAD, Acipa, Copain, Naturalistes en lutte ») a intitulé l’événement « Enracinons l’avenir ». L’appel a été lancé pour de nouvelles plantations d’arbres.
Le rendez-vous sera politique aussi, avec la présence de nombreuses délégations de partis et organisations qui soutiennent depuis des années ce combat, des délégations de mouvements qui luttent contre d’autres projets d’infrastructures, comme le tunnel transalpin de la ligne ferroviaire Lyon-Turin, le centre d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure (Meuse), le centre Europacity au nord de Paris, etc. Ce sera aussi une fête avec de nombreuses participations musicales, rock, électro et un fest-noz qui devrait se terminer tard dans la nuit de samedi à dimanche.
Les forces de l’ordre, présentes ces derniers jours sur la RD 281 qui est en train d’être nettoyée, après avoir été débarrassée de ses occupants et des nombreuses chicanes et barricades qui l’encombraient, ne seront pas stationnées à proximité.
La préfète de la région Pays de la Loire, Nicole Klein, a pris des arrêtés interdisant le transport de matières dangereuses et, explique-t-elle, les gendarmes seront présents « pour assurer la fluidité de la circulation ».