Elections européennes : l’Assemblée valide les listes nationales
Elections européennes : l’Assemblée valide les listes nationales
Par Alexandre Lemarié
Lors du débat et du vote, mardi, le groupe LR a été le seul à vouloir conserver des circonscriptions multirégionales.
C’est une mesure chère à Emmanuel Macron dans l’optique des élections européennes, prévues en mai 2019. L’Assemblée nationale a voté mardi 13 février au soir l’instauration de listes nationales pour ce scrutin, en adoptant l’article premier du projet de loi sur « l’élection des représentants au Parlement européen ».
Depuis les européennes de 2004, un mode de scrutin régional (avec huit grandes circonscriptions) prévalait. Son abandon avait été annoncé aux chefs de parti politique lors des concertations, à l’automne 2017, entamées à l’Elysée et conclues à Matignon. Au cours de ces consultations, puis de l’examen du texte en commission fin janvier, seul le parti Les Républicains (LR) avait exprimé son opposition à la mise en place d’une circonscription électorale unique, tandis que la majorité La République en marche (LRM) et MoDem, les socialistes, La France insoumise (LFI) et les communistes s’y étaient déclarés favorables.
Le rapport de force est resté le même mardi, lors du débat en séance publique. Seule à l’offensive, la droite a une nouvelle fois défendu avec vigueur le système des circonscriptions multirégionales, au motif qu’elles permettent d’instaurer de la proximité entre les électeurs et leurs représentants au Parlement européen. Dénonçant un risque de « déconnexion des territoires » avec la circonscription unique, le groupe LR a déposé une série d’amendements pour supprimer cette disposition, qui ont été rejetés par 100 voix contre 40.
Faire émerger les lignes de fracture au PS et à LR
En face, le gouvernement a défendu sans relâche les listes nationales. Lors de l’ouverture des débats, la ministre auprès du ministre de l’intérieur, Jacqueline Gourault, a vanté un moyen « d’intéresser » les Français aux européennes et de relancer la participation à ce scrutin, qui était de 42,6 % en 2014. A ses yeux, la circonscription nationale a également le mérite « de proposer un débat clair, sur des options nettes ».
Même analyse dans les rangs de la majorité. « Alors que nous proposons un véritable débat européen, projet contre projet, les élus LR s’opposent au retour de la circonscription unique car cela les oblige à avoir une ligne claire sur l’Europe », décrypte le député LRM des Français de l’étranger (Benelux), Pieyre-Alexandre Anglade. Pour lui, « le découpage en sous-régions les arrangeait car cela leur permettait de diluer le débat et, du même coup, leurs divisions internes » entre souverainistes, eurosceptiques et pro-européens.
Car, derrière ce projet de redécoupage, se cache un enjeu électoral majeur. LRM fait le pari qu’un scrutin de liste nationale lui sera favorable, en faisant émerger les lignes de fracture au sein du PS et de LR sur le sujet. Et permettra, en outre, de poursuivre la recomposition lancée par l’élection de M. Macron, en poussant les pro-européens de droite et de gauche à rejoindre son grand arc central pro-européen en cours de constitution.
« Tripatouillage du mode de scrutin »
Le parti présidentiel voit également dans le cadre national une manière de combler un de ses handicaps majeurs : son manque d’ancrage local. Alors qu’il aurait sûrement peiné à trouver des têtes de liste régionales capables de mobiliser les électeurs, il pourra mener campagne avec M. Macron comme figure emblématique. C’est pour cette raison que LR dénonce un « tripatouillage du mode de scrutin » pour une formation « en mal de leadeur et de visibilité dans les territoires ».
Par ailleurs, le projet de loi maintient la proportionnelle mais aussi la barre existante des 5 % des suffrages exprimés pour obtenir au moins un élu. Le seuil de 3 % étant requis pour se faire rembourser les frais de campagne. Si l’ensemble du texte doit être adopté sans surprise lors d’un vote en première lecture, mardi 20 février, un de ses volets devrait difficilement voir le jour : la possibilité de créer des listes transnationales. Alors que le projet de loi ouvre cette option, le Parlement européen a rejeté le 7 février cette idée ardemment souhaitée par M. Macron. Un premier revers symbolique pour ce dernier sur la scène européenne.