Bill Murray, Greta Gerwig, Bryan Cranston et Wes Anderson, acteurs et réalisateur de L’Ile aux chiens, ont foulé le tapis rouge pour l’ouverture de la 68e Berlinale, jeudi 15 février. L’information, dépourvue d’intérêt dans la liturgie ordinaire des festivals, a retenu l’attention : une pétition lancée par l’actrice Claudia Eisinger (qui joue entre autres dans la série Tatort) exigeait que le tapis soit noir, en signe de solidarité avec le mouvement #metoo. Dieter Kosslick, le directeur de la Berlinale, a décliné, déclarant que le festival « ne s’engagerait pas dans une politique des symboles ».

Enorme manifestation publique (environ 400 films projetés, presque un demi-million de billets vendus en 2017) et professionnelle (l’European Film Market), la Berlinale est sensible aux mouvements de l’époque. D’ici au 25 février, elle aura accueilli deux rencontres, consacrées l’une à l’égalité entre genres dans l’octroi des aides publiques à la création, l’autre à la lutte contre le harcèlement sexuel dans l’industrie cinématographique. Prenant la parole pendant la cérémonie d’ouverture, Monika Grütters, la commissaire fédérale aux arts et aux médias, a rappelé que l’Allemagne avait rendu obligatoire la parité dans les commissions qui attribuent les aides aux productions cinématographiques.

Quatre films de réalisatrice

Si le jury, présidé par le réalisateur allemand Tom Tykwer (Cours, Lola, cours), compte dans ses rangs trois femmes (l’actrice belge Cécile de France, la productrice américaine Adele Romanski et la critique américaine Stephanie Zacharek) et trois hommes (outre Tykwer, le musicien japonais Ryuichi Sakamoto et l’ex-directeur de la Filmothèque espagnole Chema Prado), quatre films sur les dix-neuf qui concourent pour l’Ours d’or ont été réalisés par des femmes, parmi lesquelles Emily Atef. L’Allemande présente Trois jours à Quiberon, qui raconte comment Romy Schneider accorda, en 1981, son ultime entretien à un journal allemand.

On attend aussi Unsane, de Steven Soderbergh, thriller hospitalier tourné avec un téléphone portable, et La Saison du diable, du Philippin Lav Diaz, qui, cette année présente un film moitié moins long que sa Berceuse pour le mystère de la douleur, projeté pendant huit heures à la Berlinale 2016. La France est représentée par Benoît Jacquot, pour une nouvelle adaptation d’Eva, le roman de James Hadley Chase, et Cédric Kahn, avec La Prière, qui suit les efforts d’un jeune toxicomane pour s’arracher à l’addiction, au sein d’une communauté catholique.

Foisonnement des sections parallèles

Il faudra aussi chercher dans le foisonnement des sections parallèles, Panorama et Forum. On y repère quelques noms connus : Claire Simon, avec Premières Solitudes, les Suisses Ursula Meier et Lionel Baier, le documentariste congolais Dieudo Hamadi, avec Kinshasa Makambo, tourné pendant les affrontements qui suivirent la réforme constitutionnelle imposée par le président Kabila. Ce menu pantagruélique est complété par une rétrospective du cinéma de la République de Weimar mêlant noms connus (G.W. Pabst, Leni Riefenstahl) et redécouvertes.

Avant de se jeter dans ce grand bain, il était salutaire de se rafraîchir avec L’Ile aux chiens. Les vedettes présentes dans la grande salle de la Marlene-Dietrich-Platz n’étaient pas à l’écran, puisque Wes Anderson s’est contenté de leur demander de prêter leur voix. Ce film d’animation situé dans un Japon futuriste emprunte à toute l’histoire du cinéma nippon, de Kurosawa à Miyazaki, pour livrer un conte moral où les chiens doivent se révolter afin de regagner leur place de meilleur ami de l’homme. L’Ile aux chiens sortira en France le 11 avril.

L'Île aux chiens - Wes Anderson | Bande Annonce VOST HD | 2018
Durée : 02:30

Sur le Web : www.berlinale.de