Le film met en scène le soulèvement spectaculaire des mineurs d’Hashima, une mine de charbon située sur une île japonaise. / METROPOLITAN FILMEXPORT

L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

L’île d’Hashima est une mine d’exploitation de charbon située au large de Nagasaki, au Japon. Durant la seconde guerre mondiale, de nombreux Coréens y furent envoyés dans ce qui ressemblait à un camp de travail forcé. Les conditions de vie et de labeur y étaient effroyables et les mineurs étaient régulièrement en butte au racisme des garde-chiourmes japonais.

Cet endroit est le décor de Battleship Island de Ryoo Seung-wan, qui y déploie une impressionnante fresque d’action peuplée de nombreux personnages. Au suspense initial (comment survivre dans cet enfer) vécu par une poignée de protagonistes (un musicien et sa petite fille, une petite frappe qui tente de prendre, à coups de poings, le leadership sur les travailleurs coréens…) s’en mêle un autre (un espion des services secrets américains qui s’infiltre dans la colonie pour en exfiltrer un dirigeant syndicaliste nationaliste).

Une des premières qualités du film réside d’abord dans cette capacité à donner vie et densité psychologique, de façon furtive mais efficace, à de nombreux protagonistes pourtant brossés à traits rapides. Battleship Island donne le sentiment d’une grande confusion au centre de laquelle le spectateur parvient pourtant à se faire un chemin, détaillant les différents types humains représentés.

De l’héroïsme à la lâcheté

Car là sans doute réside l’intérêt du film, dans une manière de décliner ce qui, dans des situations exceptionnelles, caractérise les réactions humaines, de l’héroïsme à la lâcheté en passant par la corruption, la servilité, l’égoïsme, la cupidité, la trahison. Collaborer ou résister, voilà les options qui, à des degrés divers, définiraient l’échantillon d’humanité composé par les personnages de Battleship Island et autour desquelles le film ménage quelques coups de théâtre.

Retrouvant les ficelles du film d’évasion peu à peu remplacées par le scénario d’un soulèvement spectaculaire des damnés de la mine d’Hashima, le film de Ryoo Seung-wan s’achève dans un long et spectaculaire chaos sanglant. Le bruit et la fureur parviennent à atteindre une convaincante dimension d’épopée, un souffle produit par l’usage d’une technologie numérique impressionnante qui ne néglige jamais pourtant, au risque d’un peu de pathos et d’emphase, la dimension humaine et morale du drame qui se joue.

Film coréen de Ryoo Seung-wan. Avec Hwang Jung-min, So Ji-sub, Lee Jung-hyun (2 h 12).