Gianni, 22 ans : « Je n’ai laissé aucune chance aux professeurs de me transmettre leur savoir »
Gianni, 22 ans : « Je n’ai laissé aucune chance aux professeurs de me transmettre leur savoir »
Gianni a choisi un bac pro « ouvrage du bâtiment » par défaut. Aujourd’hui volontaire en service civique, il raconte ses difficultés à trouver un emploi stable faute d’études.
Gianni, 22 ans, en service civique à Perpignan. / La ZEP via Campus
Voix d’orientation. Le Monde Campus et La ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants de leurs parcours d’orientation. Cette semaine, Gianni, 22 ans, volontaire en service civique, à Perpignan.
« J’aimais aller à l’école, mais je n’ai jamais aimé étudier. En cours, je passais mon temps à bavarder, à faire le clown ou à embêter mes amis. Les profs essayaient bien de me garder concentré, mais je ne faisais pas le moindre effort pour les aider.
J’ai longtemps pensé qu’ils étaient responsables du fait que je ne m’intéressais pas à leurs cours. Mais, même si c’est loin d’être faux pour certains, la vérité est que je ne leur ai laissé aucune chance de me transmettre leur savoir.
J’étais buté, je voulais seulement plaisanter et faire rire sans savoir que je le regretterais plus tard. Malgré les discours pertinents de mes parents à propos des études, je n’avais pas encore pris conscience que j’avais un avenir à construire et que la plupart de ces profs que je détestais tant étaient là pour m’aider à le bâtir.
Lorsque la question de l’orientation s’est posée en fin de troisième, je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie. Je souhaitais partir en seconde générale, mais les efforts fournis jusque-là ne me le permettaient pas.
Je me suis donc mis dans la tête que je devais apprendre un métier, quel qu’il soit, dans le seul but d’entrer dans la vie active. Je me suis donc dirigé vers un bac pro, là où il restait de la place, en ouvrage du bâtiment, option métallerie. Ces trois années ont été assez pénibles, car je n’aimais pas ce que j’apprenais. J’étais en désaccord avec la pédagogie proposée, qui nous laissait en arrière-plan au lieu de nous permettre d’échanger avec le prof. C’est pourtant plus que nécessaire à la compréhension du cours. Le plus dur a été de me mettre à travailler, de rester concentré plus d’une heure et de réapprendre à apprendre.
Ce manque de volonté passé me suit encore aujourd’hui. J’ai énormément de mal à décrocher un contrat de travail à cause du manque d’études et d’expérience. Pour avancer, je n’ai d’autre choix que d’enchaîner les petits boulots à droite et à gauche : préparateur de commandes, ouvrier agricole dans les champs de maïs, de pruniers ou encore dans les vignes.
Dans l’espoir d’être recruté sur des postes que je ne suis même pas sûr d’apprécier, je suis obligé de passer par des formations de remise à niveau tout en continuant de rédiger des lettres de motivation, qui finissent par toutes se ressembler.
Les profs et les parents, c’est chiant, car ils ne nous disent jamais ce que l’on veut entendre. Ils sont toujours là pour nous rappeler à l’ordre. Mais en grandissant, on comprend vite qu’on aurait mieux fait de les écouter et d’apprendre tout ce qu’ils avaient à nous enseigner. C’est en prenant du recul, et souvent trop tard, qu’on se rend compte de ce qu’on a loupé. Mais le retour dans le passé n’étant pas possible, il ne nous reste plus qu’à apprendre les leçons tirées de nos échecs et faire de notre mieux pour ne pas commettre les mêmes erreurs. »
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La Zone d’expression prioritaire (ZEP) accompagne la prise de parole des 15-25 ans
La Zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. Via des ateliers d’écriture dans des lycées, universités, associations étudiantes ou encore dans des structures d’insertion, ils témoignent de leur quotidien et de l’actualité qui les concernent.
Tous leurs récits sont à retrouver sur la-zep.fr.
« Le Monde » aide les jeunes à s’orienter vers les études supérieures
En cette période de formulation et de confirmation des vœux d’orientation sur la nouvelle plate-forme d’admission post-bac, Parcoursup, Le Monde Campus propose reportages, décryptages, tchats, à retrouver sur ses sous-rubriques O21, Etudes supérieures et Parcoursup APB.
Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bonnes questions au moment d’effectuer les vœux d’orientation, Le Monde organise également les conférences O21/S’orienter au 21e siècle, à Paris (17 et 18 mars), après Nancy, Lille, Nantes et Bordeaux.