Alassane Pléa, philanthrope de la Ligue 1
Alassane Pléa, philanthrope de la Ligue 1
LE MONDE SPORT ET FORME
L’attaquant niçois a décidé de reverser 1 % de son salaire annuel, soit autour de 14 000 euros, à un fonds de dotation caritatif créé par son club.
Alassane Pléa, le 28 septembre 2017, lors du match de Ligue Europa opposant Nice à Vitesse Arnhem. / BORIS HORVAT / AFP
Depuis deux saisons, Alassane Pléa a coutume d’enfiler les buts comme des perles. Avec dix réalisations à son actif depuis le début du championnat de France, l’attaquant de l’OGC Nice se distingue notamment par sa complicité sur les pelouses avec la star italienne Mario Balotelli. Sous les feux de la rampe, le joueur de 25 ans s’illustre sur un autre terrain, moins médiatique : la philanthropie. Le jeune homme est le premier footballeur français à s’être engagé à reverser 1 % de son salaire annuel à un fonds de dotation à visée caritative, en l’occurrence celui créé par son club au début du mois de mars.
Selon nos estimations, Alassane Pléa redistribuera autour de 14 000 euros par an, les dirigeants azuréens n’ayant pas l’habitude de communiquer sur le niveau de rémunérations de leurs joueurs. Ses dons viendront donc alimenter le fonds de dotation de l’OGC Nice, initié pour mener des actions citoyennes, au niveau local, autour de « l’enfance et de la proximité avec les plus démunis ».
« Démarche personnelle »
« Cet outil va nous permettre de renforcer la visibilité et la lisibilité de l’engagement sociétal du club, explique-t-on à l’OGC. Ce fonds de dotation représente un formidable levier pour générer des revenus dédiés à améliorer et étendre nos programmes citoyens, tout en créant des synergies renforçant nos liens avec nos partenaires. Le fait qu’Alassane choisisse notre fonds de dotation, son club, démontre la crédibilité de notre politique citoyenne. C’est un signal fort. » « C’est une démarche personnelle, précise le président du club, Jean-Pierre Rivère. Cette initiative est une première pour le football français, et nous sommes fiers que ce soit l’un des nôtres qui en soit à l’origine. »
Dès son arrivée à Nice, en 2014, Alassane Pléa s’était déjà distingué en parrainant le programme de son club baptisé « Gym solidaire » en faveur des personnes en situation de précarité à Nice. Il participe ainsi régulièrement à des collectes de vêtements et de jouets au stade de l’Allianz Riviera, au repas de Noël avec des personnes sans domicile fixe, à la remise annuelle d’un chèque à la Banque alimentaire, à des rencontres toute l’année avec des personnes dans la difficulté et des bénévoles d’associations, dans des centres d’accueil ou au club directement.
« Reverser un pourcentage de mon salaire apparaissait donc pour moi comme la continuité de mon engagement afin d’aller un peu plus loin », explique l’attaquant niçois. L’initiative de ce dernier fait écho au projet « Common Goal », lancé en 2017 par l’ailier de Manchester United Juan Mata. L’Espagnol avait alors décidé de verser 1 % de son salaire annuel (l’équivalent de 80 000 euros) à une fondation regroupant des œuvres de charité destinées aux jeunes défavorisés. D’autres joueurs de renommée mondiale, comme l’Allemand Mats Hummels et l’Italien Giorgio Chiellini, l’ont depuis imité.
« C’est en partie Mata qui m’a fait réfléchir à la possibilité de donner un pourcentage de mon salaire, reconnaît Alassane Pléa. Simplement, de mon côté, j’ai préféré le faire par le biais de mon club car j’ai entièrement confiance en la manière dont l’argent sera utilisé. Ce qui est rassurant. » En outre, le joueur souhaitait que son don profite avant tout à sa ville et à ses habitants. « J’espère que cette initiative éveillera certaines consciences, poursuit-il. Après, c’est quelque chose de très personnel, il ne faut forcer personne. Certains ont trouvé d’autres manières d’être utile. »
Alassane Pléa comprend la méfiance ressentie par la plupart de ses collègues footballeurs, peu désireux de reverser une partie de leurs émoluments annuels à des œuvres de charité ou des fonds de dotation sans garantie ni visibilité. « Tout seul, on ne sait pas forcément vers qui se tourner et quoi faire. On a des idées, mais pour trouver la bonne association, c’est plus difficile, estime-t-il. Puis il y a la question de la confiance et de la transparence. Comment être certain que c’est bien sérieux ? »
Image « égoïste » biaisée ?
Pionnier dans son registre en Ligue 1, l’attaquant formé à l’Olympique lyonnais entend aussi replacer les footballeurs, et plus globalement les sportifs de haut niveau, au centre des débats sur la philanthropie. « On nous parle souvent d’une image “égoïste” des joueurs de football, mais c’est faux. Beaucoup agissent sans que leurs actions soient médiatisées », développe-t-il.
Selon Alassane Pléa, « l’engagement philanthropique des sportifs de haut niveau pourrait permettre de faire rentrer un peu plus le don dans les mœurs ». « Qu’est-ce que la philanthropie peut apporter aux sportifs ?, s’interroge-t-il à haute voix. Nous sommes dans un milieu qui est de plus en plus médiatisé, starifié. Mon engagement me ramène dans le monde réel, ça me permet de relativiser les problèmes que je rencontre parfois. Dans ma vie, j’ai énormément de chance et parfois, quand tu te plains pour pas grand-chose, ça te remet les idées en place. » L’attaquant espère que « de nombreux joueurs », rassurés ou séduits par son initiative, reverseront, à leur tour, un pourcentage de leur salaire.