Le Maroc dénonce des incursions du Front Polisario au Sahara occidental
Le Maroc dénonce des incursions du Front Polisario au Sahara occidental
Le Monde.fr avec AFP
Le Conseil de sécurité a demandé fin mars à l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental de poursuivre les discussions sur une relance de négociations.
Les autorités marocaines ont annoncé dimanche 1er avril avoir alerté le Conseil de sécurité de l’ONU après des incursions « gravissimes » du Front Polisario dans la zone tampon du Sahara occidental. « Il y a eu des provocations, des manœuvres (…) du Polisario encouragé par l’Algérie pour modifier le statut de cette zone » tampon, placée depuis le début des années 1990 sous la responsabilité des Nations unies, a déclaré le ministre des affaires étrangères, Nasser Bourita, lors d’un point presse. « Si l’ONU (…) n’est pas prêt à mettre fin à ces provocations, (…) le Maroc assumera ses responsabilités et ne saura tolérer qu’un changement puisse intervenir dans cette zone », a-t-il affirmé.
Vaste étendue désertique de 266 000 km², avec 1 100 km de côte Atlantique au nord de la Mauritanie, le Sahara occidental est le seul territoire du continent africain dont le statut post-colonial n’a pas été réglé. Le Maroc en contrôle 80 %, le Front Polisario 20 %, séparés par un mur et une zone tampon contrôlée par les casques bleus.
Le Maroc accuse le Front Polisario, indépendantiste soutenu par l’Algérie, de mener des incursions dans la zone tampon près de Guerguerat, un no man’s land situé à l’extrême sud, à la frontière avec la Mauritanie, mais aussi, depuis mars, dans l’est, à Tifariti et Bir Lahlou. « Cette provocation dure depuis un certain temps. (…) Le Maroc ne pourra pas rester les bras croisés devant des attaques continues (…) », a insisté le ministre de l’intérieur, Abdelouafi Laftit, présent au point presse.
« Un casus belli »
« Le Maroc réagira avec détermination et par tous les moyens à toutes les actions qui pourraient changer le statut de cette zone, il s’agira d’un casus belli dont le Maroc tirera tous les enseignements », a prévenu M. Bourita. « La gestion permissive, légère de ce qui s’est passé à Guerguerat a été interprétée comme un encouragement », a souligné le chef de la diplomatie, en référence aux récentes incursions du Polisario en début d’année.
« L’Algérie doit assumer ses responsabilités, (…) le Maroc n’attaque pas l’Algérie lorsqu’il dit que l’Algérie encourage ce genre de provocations : c’est l’Algérie qui abrite, qui finance, qui arme, (…) qui mobilise, ce n’est là ni une attaque ni une insulte, c’est la vérité », a affirmé M. Bourita.
« Le Maroc cherche des obstacles pour se désengager du processus de paix », a réagi M’hamed Khedad, le coordinateur du Polisario avec la mission de l’ONU au Sahara occidental, contacté par l’AFP depuis Alger. « Nous condamnons cette fuite en avant (…) et nous réagirons à toute violation du cessez-le-feu », a-t-il ajouté.
Le Conseil de sécurité a demandé fin mars à l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental de poursuivre les discussions sur une relance de négociations visant à régler le différend autour de ce territoire. Aucune date n’a été annoncée pour reprendre des pourparlers formels, les derniers en date – sous l’égide de l’ONU – remontant à 2012. Le Front Polisario réclame un référendum d’autodétermination pouvant conduire à l’indépendance, mais le Maroc rejette toute autre solution que l’autonomie sous sa souveraineté.