Ligue des champions : « L’OL n’a pas le droit à l’erreur »
Ligue des champions : « L’OL n’a pas le droit à l’erreur »
Propos recueillis par Anthony Hernandez
Doubles championnes d’Europe en titre, les footballeuses lyonnaises doivent éliminer Manchester City, dimanche en demie, pour espérer conserver leur titre.
Les Lyonnaises avaient déjà rencontré Manchester City la saison dernière. / Laurent Cipriani / AP
Tenues en échec il y a une semaine en Angleterre (0-0), les joueuses de l’Olympique lyonnais sont toujours en course pour disputer une troisième finale d’affilée de Ligue des champions. Dimanche 26 avril, les doubles championnes d’Europe en titre (quatre titres au total) affrontent Manchester City en demi-finale retour (14 h 45). Au club depuis 2010, la milieu de terrain Camille Abily, 33 ans, dispute sa dernière saison de footballeuse professionnelle. Pour l’ex-internationale aux 183 sélections, Lyon « doit gagner » face aux Mancuniennes.
Avez-vous été surpris par le niveau des joueuses de Manchester City ?
Nous les avions rencontrées au même stade de la compétition l’an passé. On avait gagné 3-1 là-bas avant de perdre 1-0 chez nous. On les a aussi affrontées en début de saison lors d’un tournoi amical avec une défaite 3-2. C’est une équipe avec d’énormes qualités. On savait que l’on allait jouer une très grosse équipe.
En championnat, vous avez aligné 18 victoires en 18 rencontres. Vous allez remporter votre 12e titre de suite. Est-ce difficile de se préparer pour les échéances européennes avec si peu d’adversité ?
La Division 1 progresse mais c’est sûr qu’il y a encore un écart avec l’OL. On peut dire que nous sommes trois clubs, avec le PSG et Montpellier, à vraiment tirer le championnat vers le haut. Sur une saison, nous avons quatre matchs, ceux contre ces deux équipes, qui requièrent l’intensité et les efforts semblables à ceux nécessaires en Ligue des champions. Attention, ce n’est pas pour dénigrer les autres équipes, car elles progressent.
En Europe, c’est un peu le cas aussi lors des premiers tours qui sont relativement à notre portée. Forcément, lorsque l’on doit jouer des équipes comme le Barça (quart de finale 2-1 et 1-0) ou City, des équipes professionnelles remplies de joueuses internationales, il faut être capable d’élever son niveau de jeu. On doit être capable de faire mieux que ce que l’on a fait jusqu’à présent.
Quels changements ont été induits par l’arrivée d’un nouvel entraîneur, l’ancien footballeur Reynald Pedros ?
Via son expérience de joueur, le fameux jeu à la nantaise, Reynald aime que l’on passe par les côtés et que l’on aille vite vers l’avant. Après, il désire que l’on soit capable d’alterner, on ne doit pas jouer non plus de manière trop directe. Lorsque l’on en a la possibilité, on se projette pour apporter le surnombre dans le camp d’en face. En ce qui concerne le management, c’est un coach plutôt cool, qui fait confiance à ses joueuses. Et le groupe vit bien.
Vous avez connu et gagné avec différents entraîneurs, notamment le dernier, Gérard Prêcheur, d’un caractère réputé difficile.
Gérard, qui est un entraîneur que j’apprécie énormément et que j’ai connu lors de ma formation de jeune joueuse, avait un peu un rôle de papa. Il était très direct dans son relationnel. Reynald est différent, plus jeune (46 ans).
L’OL est en lice pour remporter une cinquième Ligue des champions, la troisième de rang, ce qui serait un record. Comment fait-on pour se maintenir à un tel niveau ?
Le club a essayé d’apporter chaque saison des touches supplémentaires, pour amener une plus-value. Il est très compliqué de rester au haut niveau. Nous sommes à l’aube d’une demi-finale retour, nous ne sommes pas encore finalistes. Il faut franchir l’obstacle City pour aller chercher ce record.
Tout autre résultat qu’une victoire serait considéré comme un échec. Jouer votre saison sur une compétition, n’est-ce pas injuste ?
Oui, c’est dur mais c’est la réalité. On n’a pas le droit à l’erreur. On attend beaucoup de nous mais nous les premières. Même si Manchester City est une très belle équipe, on doit gagner. Sinon, cela serait une énorme déception pour le club.
L’acceptation de l’équipe féminine, qui est bonne au sein du club, progresse-t-elle au sein des supporteurs ?
J’ai senti une véritable évolution au sein du club depuis notre première victoire européenne en 2011. A 90 %, nous sommes acceptées si j’en crois les retours que j’ai. Les gens se sont aperçus que l’on pouvait vivre de belles années et des émotions avec les femmes aussi. Tout le club est représenté par nos victoires. Les Lyonnais sont en général fiers de leur équipe féminine. Au niveau des supporteurs, certains, pas tous, restent parfois machos. Il n’y a pas de comparaison à faire entre l’équipe masculine et féminine. Après, quand je me promène dans les rues de Lyon ou autour du stade pour les matchs des garçons, je n’ai que des propos agréables : « C’est top ce que vous faites les filles. »
Vous disputez votre dernière saison de footballeuse. C’est forcément particulier.
Dès que l’on fait appel à moi, j’essaie de répondre présente. Mon rôle est de rassurer l’équipe, de donner des conseils au niveau du jeu et d’apporter de l’expérience. Sur le terrain, j’essaie de prendre un maximum de plaisir et puis quoi de mieux que de gagner pour finir en beauté.