Entre la genèse du projet et la présentation de L’Homme qui tua Don Quichotte à Cannes, le 19 mai, en clôture du Festival de Cannes, il s’est écoulé près de vingt ans.

C’est soulagé mais épuisé que le cinéaste britannique s’est rendu sur la Croisette. Celui-ci revient sur ce projet réputé maudit, qu’il l’a obsédé, mais qu’il n’a jamais abandonné. Pour justifier « cette folie », il se compare ainsi à un alpiniste qui ne peut renoncer à l’Everest.

En effet, une première version de ce film fut abandonnée après un tournage apocalyptique en 2000. Pluies diluviennes, problèmes de dos de l’acteur Jean Rochefort, qui jouait Don Quichotte, survol permanent du tournage par des avions militaires… Tous les déboires de ce premier film réputé maudit sont racontés dans le documentaire Lost in la Mancha, de Keith Fulton et Louis Pepe.

Le projet a été relancé en 2017. Mais, à nouveau, rien ne s’est passé comme prévu. Une fois le film terminé, Terry Gilliam a été pris dans un imbroglio judiciaire visant à empêcher sa sortie. L’ancien producteur du film, Paulo Branco, a engagé une procédure pour interdire sa projection à Cannes et dans les salles françaises. La justice a tranché en faveur du cinéaste et du Festival de Cannes.

Et quand, finalement, on évoque avec lui ses projets d’avenir, Terry Gilliam confie qu’il est « face à un trou noir ». Car ce Don Quichotte n’est désormais plus là. A la fin de la rencontre, il reprend ainsi la métaphore de l’Everest en constatant que désormais sa « montagne a disparu ».