Election au Medef : six candidats pour un scrutin soumis au poids des fédérations professionnelles
Election au Medef : six candidats pour un scrutin soumis au poids des fédérations professionnelles
Par Raphaëlle Besse Desmoulières
Le patron des patrons sera élu le 3 juillet par l’assemblée général de l’organisation, composée de 591 membres.
Ils sont encore six en lice pour succéder à Pierre Gattaz. Une seule femme, Dominique Carlac’h, est officiellement candidate face à cinq hommes : Olivier Klotz, Patrick Martin, Frédéric Motte, Geoffroy Roux de Bézieux et Alexandre Saubot. Lundi 28 mai, ils devaient être auditionnés par le conseil exécutif du Medef, sa direction élargie, qui compte 45 membres. Ce dernier rendra public son avis, le 11 juin. S’il n’est que consultatif, ce choix donnera déjà une bonne indication pour la suite, même si des surprises peuvent avoir lieu. En 2013, déjà candidat, M. Roux de Bézieux était ainsi arrivé en tête du vote, avec une voix d’avance sur Pierre Gattaz, mais il s’était ensuite désisté en sa faveur.
Quatre des candidats – MM. Martin, Motte, Roux de Bézieux et Saubot – sont actuellement membres de cette instance. S’ils ne peuvent pas prendre part aux auditions de leurs concurrents, ils ont statutairement la possibilité de se prononcer. « La logique voudrait qu’ils ne puissent pas voter sur la base d’auditions auxquelles ils n’auront pas assisté, mais les statuts sont muets sur cette conséquence, indiquait récemment un ex-candidat, Jean-Charles Simon, depuis rallié à M. Roux de Bézieux. C’est donc une question d’interprétation ou de bonne conduite. » L’un des compétiteurs indique avoir effectué « un pointage » et relevé que, par le passé, « il n’y a jamais eu d’abstention, donc les candidats ont toujours voté ». Sous-entendu, pour eux.
Ces dernières semaines, les prétendants ont enchaîné les rendez-vous avec les grandes fédérations. La semaine du 14 mai, ils ont ainsi planché devant la Fédération française du bâtiment (FFB) et l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM). Des auditions cruciales car c’est sur cette base que ces dernières feront leur choix – ce qui n’empêche pas les négociations en coulisses. L’élection pour la présidence du Medef n’est en effet pas une élection directe : ce ne sont pas les chefs d’entreprise qui votent pour le patron des patrons mais l’assemblée générale du Medef composée de grands élus représentant les fédérations.
« Un peu censitaire »
Actuellement, 556 membres ont une voix délibérative, sur les 591 que compte cet organe. Le rapport de force y est très largement en faveur des fédérations professionnelles qui y disposent de 375 sièges contre 170 pour les territoires (dix « personnalités qualifiées » et le président du Medef ont également une voix). Les organisations territoriales ont d’autant plus de mal à peser qu’elles sont divisées. Longtemps, le poids de chacune des fédérations professionnelles était un secret bien gardé. Aujourd’hui, l’organisation patronale accepte de communiquer dessus.
Parmi les plus grosses, c’est l’UIMM qui dispose du plus de sièges à l’assemblée générale (34). Suivent les assurances (33), la banque (30), le bâtiment (20), le commerce et le Syntec (16), les travaux publics (14), la Fefis (industries de santé, 13), l’intérim (12), l’automobile et l’électricité (10). A elles seules, elles cumulent 208 voix, assises, comme pour les autres fédérations, sur leurs cotisations. « C’est un peu censitaire quand même », reconnaît un candidat.
Le nouveau président, qui exercera ses fonctions de façon bénévole, comme ses prédécesseurs, sera élu, le 3 juillet. Pour l’emporter, il lui faut la majorité absolue, et que les deux tiers des votants aient pris part au scrutin. Si aucun candidat ne l’obtient, un second tour est organisé le même jour. Le vainqueur entame alors un mandat de cinq ans désormais non renouvelable, une disposition introduite par Pierre Gattaz.