La marque Monsanto va disparaître
La marque Monsanto va disparaître
LE MONDE ECONOMIE
A l’occasion de la fusion avec l’allemand Bayer, le 7 juin, le nouveau numéro un mondial des semences et des pesticides va faire disparaître la marque, symbole des excès de l’agriculture intensive.
Monsanto, marque née en 1901, une des plus controversées au monde, ne survivra pas à la fusion avec Bayer, qui doit être effective jeudi 7 juin. Le groupe allemand a obtenu, vendredi 1er juin, les dernières autorisations pour convoler avec le géant américain des semences. Mais trop élevé était le risque, pour la nouvelle entité, de conserver le nom de Monsanto, associé à des méthodes de lobbying douteuses et qui cristallise depuis longtemps la lutte d’organisations dans le monde entier contre les excès de l’agriculture intensive.
Par ce mariage à 63 milliards de dollars (53,8 milliards d’euros), le plus gros jamais tenté par une entreprise allemande, le chimiste de Leverkusen devient numéro un mondial des semences et conversion des pesticides. Il espère mettre à profit sa réputation moins égratignée pour amorcer une « nouvelle ère dans l’agriculture ». « La croix Bayer est le garant de la qualité et de la confiance, » a déclaré Werner Baumann, PDG du groupe, au quotidien Handelsblatt du mardi 5 juin.
La principale difficulté de la fusion
Mais les critiques envers feu Monsanto ne risquent-elles pas de se reporter sur Bayer, une marque jusqu’ici associée à la consensuelle aspirine ? Le groupe allemand a conscience que ce défi est la principale difficulté de cette fusion historique. Depuis des mois, il cherche le dialogue avec ses détracteurs.
Le directeur du département CropScience (sciences des récoltes), Liam Condon, a ainsi débattu en mars avec Robert Habeck, coprésident du parti écologiste allemand et ancien ministre de l’agriculture du Schleswig-Holstein, dans les colonnes du magazine Capital. Une première. « Nous faisons certaines choses différemment [de Monsanto], a précisé M. Baumann. Bayer tient beaucoup à l’échange et au dialogue ouvert, y compris avec des voix critiques. Nous allons encore développer cela à l’avenir. »
Ces efforts de communication sont une priorité, alors que Bayer doit séduire les investisseurs : il a annoncé, courant juin, une augmentation de capital de 6 milliards d’euros pour financer une partie du rachat des actions du groupe américain.