Après le gouvernement qui vient de lancer une plate-forme participative sur la réforme des retraites, c’est au tour de la CFDT d’organiser une vaste enquête sur le sujet. Intitulée « Parlons retraites », cette dernière a été mise en ligne il y a quelques jours et présentée, mardi 12 juin, lors d’une conférence de presse par le secrétaire général de la confédération, Laurent Berger. « L’idée est de donner la parole aux Français sur leurs aspirations en matière de retraite », a-t-il expliqué. Ce questionnaire s’inspire de « Parlons travail », une autre consultation que la CFDT avait lancée en 2016 et qui avait recueilli plus de 200 000 réponses.

Cette fois, l’ambition est plus modeste car plus limitée dans le temps. M. Berger a avancé l’objectif de « 50 000 répondants ». S’inscrivant dans le contexte de la réforme des retraites qui devrait être divulguée d’ici à début 2019, les résultats seront arrêtés fin août avant d’être présentés en octobre. M. Berger n’a pas caché que son but était « de nourrir le débat public et d’appuyer » les propositions de son syndicat. L’approche n’est pas de plébisciter ou non telle ou telle mesure mais de « partir des attentes de chacun » sur un thème « qui déchaîne des passions » et qui reste « très anxiogène », selon M. Berger.

Salariés, fonctionnaires, indépendants, chômeurs, retraités sont donc invités à y participer de façon anonyme. L’étude consiste en une centaine de questions qui s’adaptent au profil de chacun (âge, sexe, lieu de résidence, situation professionnelle…). Certaines pourront étonner tant elles plongent dans l’intimité de chacun, comme celle de savoir si « à la retraite, le sexe, ce sera… tout le temps, plus souvent, comme avant, moins souvent, plus jamais ou c’est confidentiel ». « C’est utile car ça montre que la retraite, c’est un moment où l’on continue de vivre », s’est justifié M. Berger.

Renforcer sa crédibilité

Vie au travail, santé, pouvoir d’achat, solidarité intergénérationnelle, égalité hommes-femmes, quotidien à la retraite, les questions visent à saisir la perception que se font les Français de leur retraite ou de la manière dont ils la vivent pour ceux qui y sont déjà. Mardi en fin de journée, plus de 12 000 personnes y avaient répondu et une majorité d’entre elles affirmaient savoir combien de trimestres elles avaient cotisé. Cinquante-quatre pour cent n’étaient par ailleurs pas d’accord avec l’affirmation selon laquelle « c’est normal qu’une génération avec une plus grande espérance de vie travaille plus longtemps ». Et une très grande part (81 %) ne comptait pas garder une activité professionnelle à la retraite. Des résultats qui évolueront au fil des réponses.

Lors de sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était engagé à ce que « chaque euro cotisé donne les mêmes droits à tous ». Le haut-commissaire chargé de la réforme, Jean-Paul Delevoye, n’a pas dévoilé les pistes envisagées. Pour la CFDT, qui a salué à plusieurs reprises la méthode employée, l’enjeu est important. Elle est en effet l’une des rares centrales à soutenir, dans son principe, une réforme universelle des retraites qui vise à harmoniser le système.

Mais le sujet est historiquement sensible boulevard de la Villette, à Paris, et lors de son congrès qui s’est tenu la semaine dernière à Rennes, la confédération a fixé ses conditions, notamment de rester dans un système par répartition ou de maintenir des bornes d’âge. Avec « Parlons retraites », la CFDT espère pouvoir peser et renforcer sa crédibilité, même si elle pourrait se voir bousculée sur certains thèmes. « On ne sera pas hermétique », a promis M. Berger. Cet investissement a aussi un coût : 220 000 euros déboursés pour monter l’opération.