Le docteur Cahuzac en mission dans un village isolé de Guyane
Le docteur Cahuzac en mission dans un village isolé de Guyane
Par Laurent Marot (Cayenne)
Jérôme Cahuzac a commencé mardi 3 juillet un remplacement d’un mois dans un centre de santé à Camopi, une commune guyanaise isolée, à la frontière avec le Brésil.
Un bâtiment en bois sur pilotis dans une zone inondable, au bord du fleuve Oyapock, face au Brésil. Depuis mardi 3 juillet, le docteur Jérôme Cahuzac est médecin dans ce centre de santé, à Camopi, une commune isolée dans l’intérieur de la Guyane, sans ligne aérienne avec le littoral. La veille, à partir de Saint-Georges de l’Oyapock, limite du réseau routier dans l’est guyanais, l’ancien ministre du budget du gouvernement Ayrault (2012-2013) a voyagé quatre heures sur une pirogue pour rallier son lieu de travail. « Monsieur Cahuzac m’a dit qu’il ne voulait pas voir de journalistes, qu’il veut rester tranquille », explique Joseph Chanel, le maire de Camopi, venu rencontrer le nouveau docteur dans son bureau.
Les consultations ont lieu de 7 h 30 à 13 h 30, et reprennent l’après-midi à 16 heures. Un mois de contrat à environ 5 000 euros, selon nos informations. Révélée par France-Guyane, la nouvelle agite cette commune de 1 700 habitants, des Amérindiens Wayana et Teko pour l’essentiel. « On a l’impression de voir un personnage important qui vient se cacher dans la forêt », ironise Siméon Monerville, médiateur scientifique dans les écoles. « S’il s’adapte bien à l’environnement, j’espère que les Amérindiens vont l’accepter d’une manière correcte », nuance-t-il.
« Il nous sauve la mise »
Condamné en mai en appel à quatre ans de prison dont deux ferme et 300 000 euros d’amende pour « fraude fiscale » et « blanchiment de fraude fiscale », l’ex-ministre attend la décision du juge d’application des peines de Corse, où il réside. « Je n’ai pas à le juger, la justice a fait son travail, explique René Monerville, ex-maire de Camopi. S’il est là, c’est parce qu’il y a un manque de personnel médical. »
A partir de vendredi 6 juillet, le docteur Cahuzac sera le seul médecin dans la commune, le deuxième, déjà en poste, partant en métropole. « Il nous sauve la mise pour Camopi, se réjouit Paul Brousse, responsable des centres délocalisés de prévention et de soins à l’hôpital de Cayenne. Il sera seul pour tout le secteur, y compris Trois-Sauts. » Dans ce village de 500 habitants, à une journée de pirogue du bourg de Camopi, il n’y a plus de médecin depuis un mois. L’hôpital de Cayenne peine à trouver des candidats dans ces zones isolées : en 2017, 88 contrats ont été signés pour combler 17 postes de médecins dans l’intérieur.
Au bourg de Camopi, le docteur Cahuzac est hébergé dans un logement de fonction, une maisonnette en bois avec un petit balcon, les volets clos. « C’est pourquoi ? », interroge l’ancien chirurgien esthétique, quand on sollicite son témoignage à travers la porte, avant de rester muré dans son silence.