Assistants d’eurodéputés : la justice retient 2 millions d’euros d’aide publique destinés aux Rassemblement national (ex-Front national)
Assistants d’eurodéputés : la justice retient 2 millions d’euros d’aide publique destinés aux Rassemblement national (ex-Front national)
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
La justice soupçonne le parti d’extrême droite, d’avoir mis en place un système frauduleux pour rémunérer ses permanents avec des deniers européens. Le RN dont la trésorerie est exsangue va lancer un appel aux dons.
La justice française a ordonné la saisie de deux millions d’euros qui devaient être destinés au Rassemblement national (ex-Front national) dans le cadre de l’enquête portant sur le travail des assistants au Parlement européen. La justice soupçonne le parti d’extrême droite, désormais baptisé Rassemblement national (RN), d’avoir mis en place un système frauduleux pour rémunérer ses permanents avec des deniers européens.
Appel aux dons
« En confisquant notre dotation publique sans jugement sur cette pseudo-affaire des assistants, les juges d’instruction nous appliquent la peine de mort “à titre conservatoire” », a réagi sur Twitter la présidente du RN, Marine Le Pen, ajoutant que « dès lundi, le RN ne pourra plus mettre en œuvre aucune activité politique » et sera « mort à la fin du mois d’août ».
Dans une lettre ouverte, Marine Le Pen dénonce un « dossier vide qui n’est qu’au stade de l’instruction » et « des faits qui, après trois ans d’enquête, ne sont nullement établis », ainsi que la « violation de la présomption d’innocence ». Elle lance un appel aux dons, avec la création dans la soirée, d’un site dédié pour sauver financièrement son parti. Mme Le Pen donnera une conférence de presse à ce sujet lundi à 10 heures, selon un communiqué.
Trésorerie du RN « exsangue »
Julien Sanchez, porte-parole du RN, dénonce une décision politique : « On veut empêcher le principal parti d’opposition d’exister ». Le trésorier du parti d’extrême-droite, Wallerand de Saint-Just, confirme : « Je ne vais pas vous raconter d’histoires, on ne pourra pas continuer à fonctionner longtemps comme ça », décrivant la trésorerie du RN comme « déjà exsangue ». « Les juges nous condamnent à la peine de mort à titre conservatoire » pour « une affaire dans laquelle on n’a pas été jugés et a fortiori pas condamnés », ajoute le trésorier au Monde.
Le RN qui devait recevoir lundi, comme d’autres partis politiques, une avance de la moitié de cette aide publique, dont le versement a pris du retard affirme sa volonté de faire appel, un appel toutefois non suspensif (qui n’empêchera donc pas la saisie à titre conservatoire des 2 millions de subventions publiques).
L’aide publique au RN représente au total environ 4,5 millions d’euros par an sur la mandature, soit 22,5 millions en cinq ans. L’aide publique, qui s’établissait à 63 millions d’euros au total en 2017 et devrait avoisiner les 68 millions d’euros en 2018, est la principale source de financement des partis.
Plusieurs mises en examen
Vendredi, l’ex-numéro deux du Front national Bruno Gollnisch a annoncé avoir été mis en examen pour « abus de confiance » dans le cadre de cette enquête qui couvre la période de 2005 à 2015.
Plusieurs parlementaires RN, dont Marine Le Pen, ainsi que certains de leurs attachés, ont déjà été mis en examen sur des soupçons du même genre. Le Parlement européen estime le préjudice à plusieurs millions d’euros.
Dix personnes ou entités sont mises en examen à ce jour dans l’affaire des assistants présumés fictifs d’eurodéputés. Le FN en tant que personne morale et neuf assistants ou eurodéputés, dont Marine Le Pen et le député des Pyrénées-Orientales Louis Aliot, sont poursuivis.