Laura Codruta Kövesi, en décembre 2016. / DANIEL MIHAILESCU / AFP

Les manifestations de soutien des Roumains n’auront pas suffi. Le gouvernement de gauche a obtenu le départ de la cheffe du parquet anticorruption (DNA), Laura Codruta Kövesi, révoquée lundi 9 juillet par le chef de l’Etat, qui s’était longtemps opposé au limogeage de cette magistrate populaire, devenue le visage du pouvoir judiciaire dans le pays. La procureure générale de Roumanie était depuis plusieurs mois dans le collimateur du gouvernement social-démocrate, dont elle a critiqué les réformes controversées du système judiciaire.

Le chef de l’Etat se conforme ainsi à une décision de la Cour constitutionnelle roumaine qui lui avait ordonné, à la fin de mai, de lever son veto à la révocation de la procureure, exigée par le gouvernement, en dépit des protestations de l’opposition et de la communauté internationale. Cette annonce marque une nouvelle offensive contre la justice du Parti social-démocrate (PSD), qui les multiplient depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2017.

La coalition gouvernementale devait en outre discuter lundi d’une éventuelle destitution du président de la République de centre droit, Klaus Iohannis, auquel elle reprochait de surseoir à la révocation de Mme Kövesi.

Soutien populaire

Considérée par ses partisans comme un symbole de la lutte contre la corruption en Roumanie, Mme Kövesi, 44 ans, était à la tête du parquet national anticorruption depuis 2013. Elle avait été confirmée dans ses fonctions en 2016 par M. Iohannis pour un ultime mandat de trois ans.

Cette institution a mis en cause et fait condamner ces dernières années des centaines de responsables politiques, allant de simples élus locaux à un premier ministre.

Le ministre de la justice, Tudorel Toader, avait ouvert en février la procédure visant à la révoquer, accusant la magistrate d’avoir « enfreint la Constitution » et « nui à l’image » de la Roumanie à l’étranger. Se déclarant « peu convaincu » par ces arguments, M. Iohannis s’était opposé à cette procédure et est à son tour menacé d’être destitué par la majorité qui lui reproche son obstruction.

A la fin de février, Mme Kövesi avait annoncé que malgré « des attaques sans précédent » de la part du gouvernement, son parquet avait renvoyé devant les tribunaux en 2017 un millier de personnes, dont trois ministres, cinq députés et un sénateur.

Des milliers de manifestants avaient défilé cet hiver en Roumanie pour exprimer leur soutien à la procureure. La Commission européenne et le Conseil de l’Europe avaient également critiqué la procédure de révocation engagée contre Mme Kövesi. La Roumanie est membre de l’Union européenne depuis 2007.