David Keyes, au centre, au côté du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, le 24 juin. / POOL New / REUTERS

Le porte-parole de Benyamin Nétanyahou pour la presse étrangère, David Keyes, n’a pu résister à la pression politique et médiatique. Mis en cause sur les réseaux sociaux et dans les journaux israéliens pour des comportements inappropriés, et même des violences, à l’encontre de plusieurs femmes, il a été contraint d’annoncer sa mise en retrait, jeudi 13 septembre. Officiellement, il s’agirait de ne pas « perturber l’attention » accordée au travail du premier ministre, en attendant que les « accusations fausses et trompeuses » se dissipent. Pour l’heure, M. Nétanyahou n’a pas commenté l’affaire.

La première femme à avoir pris la parole est américaine. Il s’agit de Julia Salazar, qui a remporté, jeudi 13 septembre, la primaire démocrate dans le 18e district de l’Etat de New York. Elle a beaucoup fait parler d’elle, dans le cadre de sa campagne, pour avoir supposément menti sur son parcours et eu des engagements à géométrie variable : républicains, puis fortement ancrés à gauche, pro-Israël, puis en faveur du boycottage et des sanctions (campagne BDS ; boycott, désinvestissement, sanctions) contre l’Etat hébreu. Le 11 septembre, elle a publié une note sur Twitter pour mettre en cause David Keyes, en expliquant qu’elle voulait ainsi devancer la publication d’un article imminent sur le sujet. Les faits remonteraient au temps où elle était étudiante à l’université Columbia, en 2013.

En 2016, au moment de la nomination de David Keyes auprès de M. Nétanyahou, Julia Salazar avait déjà évoqué une agression dans un post à publication restreinte sur Facebook, ensuite retiré. A l’époque, la presse israélienne s’était fait l’écho de ces allégations, sans nommer leur auteur. Julia Salazar expliquait qu’elle avait pris un café avec le jeune homme – dont elle ne citait pas le nom –, qui l’avait ensuite conviée chez lui. Il l’aurait alors forcée à lui faire une fellation.

David Keyes, un « prédateur »

Après la dénonciation publique, mardi, de David Keyes par Julia Salazar, une journaliste du Wall Street Journal, Shayndi Raice, a surenchéri sur Twitter, en évoquant sa propre expérience « brève et pénible » avec le porte-parole, qu’elle a qualifié de « prédateur ». « Cet homme n’a absolument aucune idée de ce que signifie le mot “non” », écrit-elle.

Moins de vingt-quatre heures plus tard, le Times of Israel expliquait dans un long article en ligne que dix autres femmes avaient fait le récit à la rédaction, ces derniers mois, sous le couvert de l’anonymat, du comportement jugé insistant et inapproprié de David Keyes. Ces témoignages dessinent un portrait à charge, qui n’a rien à voir avec les canons de la séduction ou du flirt, mais ne font l’objet d’une enquête ni aux Etats-Unis ni en Israël. Le journal en ligne dit être en possession de plusieurs courriels rédigés, en guise d’excuses, par le futur conseiller.

L’essentiel des allégations concerne une période antérieure à ses fonctions actuelles. Né à Los Angeles, David Keyes a émigré en Israël à l’âge de 23 ans. Entre 2012 et 2015, il vivait aux Etats-Unis, où il était le directeur exécutif d’une ONG, Advancing Human Rights. Selon le New York Times, sa réputation de harceleur était établie dans les cercles conservateurs pro-israéliens. Son recrutement par Benyamin Nétanyahou, à la place de Mark Regev, nommé ambassadeur à Londres, avait surpris en raison de son manque d’expérience politique, au-delà de sa connaissance des réseaux sociaux. C’est dans ce domaine qu’il a imprimé sa marque auprès du premier ministre, en le poussant à contourner les médias traditionnels et à utiliser sa page Facebook et des vidéos pour s’adresser à sa base militante.