Fragilisée par des écoutes, la ministre de la justice espagnole, Dolores Delgado, refuse de démissionner
Fragilisée par des écoutes, la ministre de la justice espagnole, Dolores Delgado, refuse de démissionner
L’opposition de droite et la gauche radicale exigent depuis plusieurs jours le départ de Dolores Delgado à la suite d’écoutes montrant sa proximité avec un personnage sulfureux.
« Ni ce gouvernement socialiste ni (moi) n’accepterons le chantage de qui que ce soit », a lancé Dolores Delgado devant les députés. / JUAN MEDINA / REUTERS
« Je ne démissionnerai pas. » La ministre de la justice espagnole, Dolores Delgado, a refusé mercredi 26 septembre de céder face à l’opposition de droite et à la gauche radicale qui exigent son départ à la suite d’écoutes montrant sa proximité avec un personnage sulfureux. « Ni ce gouvernement socialiste ni (moi) n’accepterons le chantage de qui que ce soit », a-t-elle lancé devant les députés.
La ministre socialiste est fragilisée par la publication de conversations entre elle et l’ancien policier José Manuel Villarejo, actuellement en prison et poursuivi pour blanchiment. Dans un extrait sonore diffusé mercredi par le média en ligne Moncloa et présenté comme remontant à 2009, Dolores Delgado, qui était alors magistrate, raconte avoir vu des confrères accompagnés de mineures de 17 ans lors d’un voyage en Colombie.
Mardi, on l’entendait dans un autre enregistrement attribuer un sobriquet homophobe au juge Fernando Grande-Marlaska, aujourd’hui ministre de l’intérieur. Ces enregistrements sont « manipulés », avait-elle assuré mardi, tout en reconnaissant avoir rencontré à trois reprises le sulfureux commissaire Villarejo en trente ans de carrière.
Deux ministres déjà contraints à la démission
« Je ne comprends pas comment vous restez à un poste où vous faites énormément de mal à la justice espagnole, et énormément de mal à notre pays, lui a lancé mercredi la députée conservatrice Maria Jesus Bonilla. Ces enregistrements vous mettent à mal, comme personne mais aussi comme ministre. »
Pablo Iglesias, secrétaire général du parti de gauche radicale Podemos, qui a soutenu la motion de censure ayant porté le socialiste Pedro Sanchez au pouvoir au début de juin, l’a aussi publiquement appelée à présenter sa démission. « Il est inacceptable que dans ce pays des ministres soient amis avec des types comme Villarejo », a-t-il lancé dans les couloirs de la chambre des députés.
Deux ministres du gouvernement de Pedro Sanchez ont déjà été contraints à la démission. Le ministre de la culture, Maxim Huerta, n’était resté qu’une semaine en poste, rattrapé par des révélations sur des déboires passés avec le fisc ; la ministre de la santé Carmen Monton a, elle, démissionné le 11 septembre à la suite de révélations sur les conditions douteuses de l’obtention de son master.