« Les Héritiers » : une fresque familiale post-soixante-huitarde
« Les Héritiers » : une fresque familiale post-soixante-huitarde
Par Martine Delahaye
La saison 2 de la série danoise est celle de la confusion des rôles et des responsabilités.
« Les Héritiers », une série diffusée sur Arte. / PER ARNESEN / DR
Pour créer Les Héritiers, la Danoise Maya Ilsoe est partie d’un postulat : « On ne connaît sa famille que le jour où l’on doit se partager un héritage ». Ce qui l’avait amenée à ouvrir la saison 1 sur une mort et une révélation.
Peu de temps avant qu’elle ne décède d’un cancer, l’artiste plasticienne internationalement connue Veronika Gronnegaard avait appris à Signe, une jeune femme de la ville toute proche, qu’elle en était la véritable mère, et qu’elle lui léguait, à elle l’inconnue de la famille, le grand domaine où elle avait vécu avec ses maris et ses trois autres enfants. Signe découvrait donc qu’elle avait été adoptée toute petite, et qu’en plus d’un domaine, elle héritait de deux demi-frères et d’une demi-sœur.
Héritage affectif
La deuxième saison, qui poursuit sa radiographie de la petite communauté que forme la famille Gronnegaard, voit certains de ses membres aux prises avec des penchants étonnamment autodestructeurs. Un an s’est écoulé depuis la mort de l’artiste Veronika Gronnegaard, et sa fille Signe s’efforce de faire du domaine qui lui a été légué un lieu de vie ouvert à tous : ses demi-sœurs et frères, l’ex-mari de sa mère, le libertaire Thomas qui a installé un mobile-home dans le parc, le bébé de Thomas et les compagnes de ce dernier, etc.
Couples recomposés, unions libres, individualisme contre vie en collectivité : que font ces enfants de soixante-huitards de l’aspiration à la liberté transmise par leurs parents ? Que recouvre le mot « famille », sans la force d’airain des modèles traditionnels ? De quoi est faite cette ténue mais tenace résistance qui entraîne chacun, au final, à maintenir les liens familiaux ? Cette saison 2 se veut à la fois celle de la confusion des rôles et des responsabilités chez les Gronnegaard, mais aussi celle de la prise de conscience que leur héritage, loin de la seule matérialité qui les occupe, est avant tout affectif, à l’origine de leur vitalité et de l’attention qu’ils se portent entre eux.
Une troisième saison a d’ores et déjà été diffusée au Danemark, Maya Ilsoe ayant d’emblée conçu Les Héritiers comme une trilogie sur la génération danoise post-68.
Les Héritiers (Arvingerne), saison 2, série créée par Maya Ilsoe. Avec Trine Dyrholm, Marie Bach Hansen, Jesper Christensen (Danemark, 2015, 7 × 55 min).