Au Maroc, chute mortelle d’un manifestant non voyant depuis le toit d’un ministère
Au Maroc, chute mortelle d’un manifestant non voyant depuis le toit d’un ministère
Le jeune homme participait à un sit-in pour réclamer des embauches dans la fonction publique pour les personnes aveugles, particulièrement touchées par le chômage.
Un non-voyant dans une rue de Rabat, en août 2007. / Rafael Marchante / REUTERS
Un jeune chômeur marocain non voyant, qui participait à une manifestation pour l’emploi sur le toit d’un ministère à Rabat, a fait une chute mortelle, dimanche soir, a-t-on appris lundi 8 octobre de source officielle. Le jeune homme prenait part à un sit-in organisé depuis fin septembre par des dizaines de non-voyants au chômage sur le toit du ministère de la famille, de la solidarité, de l’égalité et du développement social. Leur but : réclamer des embauches dans la fonction publique.
« Immédiatement après sa chute, [il] a été transféré dans une ambulance mobilisée près du ministère tout au long de ce sit-in » et « a rendu l’âme en route vers l’hôpital », a fait savoir le ministère dans un communiqué. « Une enquête a été ouverte par les autorités compétentes, a-t-il affirmé, en exprimant sa tristesse et son regret profonds pour cet incident tragique. »
Colère et indignation
Depuis fin septembre, des membres de la « coordination nationale des diplômés malvoyants » menaçaient de se jeter du haut du bâtiment ministériel si leurs revendications n’étaient pas entendues. Les diplômés au chômage manifestent fréquemment dans les rues de Rabat pour demander leur intégration dans la fonction publique, gage de sécurité de l’emploi.
En 2012, un jeune Marocain au chômage avait perdu la vie après avoir tenté de s’immoler par le feu, suscitant colère et indignation chez les groupes de diplômés sans emploi. En mars 2017, une dizaine de malvoyants au chômage avaient tenté de s’immoler par le feu à Marrakech.
Le chômage touche au Maroc plus de quatre jeunes urbains sur dix, une problématique au centre des préoccupations sociales qui nourrit frustration et mécontentement populaire. Le taux de chômage des personnes en situation de handicap s’élève à 47,65 % – soit quatre fois plus que la moyenne –, dans un pays qui compte 2,3 millions de handicapés, selon une étude officielle publiée en 2016.