Suspension annulée pour Giscard Samba, l’entraîneur d’athlétisme accusé de violences sexuelles
Suspension annulée pour Giscard Samba, l’entraîneur d’athlétisme accusé de violences sexuelles
Par Yann Bouchez
Giscard Samba, visé par une enquête préliminaire pour viol, agression sexuelle et harcèlement sexuel, avait été suspendu, en juin, par la commission de discipline de la fédération. Décision annulée par la commission d’appel.
Quelles sanctions disciplinaires prendre à l’égard d’entraîneurs accusés de violences sexuelles et visés par des enquêtes judiciaires toujours en cours ? La question ressemble à un casse-tête pour la Fédération française d’athlétisme (FFA), confrontée à des accusations concernant deux techniciens réputés.
Selon plusieurs sources au sein de la fédération, la suspension d’un an, dont six mois avec sursis, décidée en juin par la commission de discipline de la FFA à l’encontre de Giscard Samba, a été annulée, le 13 juillet, par la commission d’appel.
« La commission d’appel n’a pas levé définitivement [la suspension], elle l’a levée en attendant la décision de justice, précise Patrice Gergès, le directeur technique national (DTN) de la FFA. Si les faits sont avérés, il est probable que la commission d’appel revienne sur sa décision provisoire et statue. C’est la décision de justice qui donnera la décision définitive de la commission d’appel. »
Enquête quasi bouclée
Giscard Samba est visé par une enquête préliminaire pour viol, agression sexuelle et harcèlement sexuel ouverte par le parquet de Créteil au printemps et confiée à la police judiciaire du Val-de-Marne, selon une source proche du dossier.
Les résultats de l’enquête, quasi bouclée, sont étudiés par le parquet, qui devrait très prochainement décider d’un classement sans suite, d’un renvoi devant une juridiction, ou de l’ouverture d’une information judiciaire, avec la nomination d’un juge d’instruction, afin d’approfondir les investigations.
Dans son édition du 18 octobre, L’Equipe explique par ailleurs que la suspension administrative de Giscard Samba a été levée. Le technicien s’était vu retirer sa carte d’entraîneur professionnel par la préfecture, au printemps, après qu’une fonctionnaire de la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale d’Ile-de-France avait saisi la justice.
Le 1er avril, Le Monde avait révélé les témoignages de plusieurs jeunes femmes dénonçant des attitudes déplacées de cet entraîneur confirmé, mentor des meilleurs spécialistes français du 110 m haies, à l’image d’Aurel Manga et de Dimitri Bascou, médaillé de bronze olympique aux Jeux de Rio, en 2016. Une de ses ex-athlètes l’accusait de viols et avait déposé plainte contre lui, en 2017.
Si l’entraîneur n’avait pas souhaité répondre aux sollicitations du Monde en amont de l’article publié au début d’avril, il avait fini par livrer, les jours suivants, plusieurs longs entretiens, notamment à L’Equipe, dans lesquels il démentait tout viol ou agression sexuelle, et évoquait des rapports consentis avec la plaignante.
Dans le cadre de l’enquête judiciaire, plusieurs témoins ont été entendus par les policiers. Giscard Samba a été placé en garde à vue, à la fin de juin, avant d’en ressortir libre.
Le 29 juin, Le Parisien révélait qu’une deuxième athlète avait porté plainte pour des « faits similaires » ; une information confirmée au Monde par une source proche du dossier. Contacté, Adil Sahban, l’avocat de Giscard Samba, n’a pas répondu à nos sollicitations.
« Compliqué de statuer définitivement »
Accusé d’agression sexuelle par une jeune athlète internationale, Pascal Machat, un entraîneur du demi-fond, a bénéficié du même revirement des instances de la FFA. Initialement suspendu six mois par la commission de discipline de la FFA, en avril, il a vu cette sanction levée en appel, deux mois plus tard.
Emma Oudiou avait dénoncé des mains aux fesses, des bisous et des remarques déplacées à son égard, dans une lettre au procureur de Fontainebleau, en mars, déclenchant l’ouverture d’une enquête préliminaire.
S’ils sont distincts, les deux cas posent une équation difficile pour la Fédération. Ils soulignent, en creux, la difficulté pour les instances sportives de prendre des mesures dans des dossiers de violences sexuelles.
« Les textes de la fédération sont prévus pour des cas qui n’étaient pas ceux-ci, résume le DTN Patrice Gergès. Le délai de quelques semaines dont disposent les commissions pour rendre leurs décisions n’est pas adapté. Il est compliqué de statuer définitivement, sans le résultat d’une enquête de police. »