Nouvelle Calédonie : les dessous d’un scrutin historique
Nouvelle Calédonie : les dessous d’un scrutin historique
Par Patrick Roger
La consultation du 4 novembre pour l’accession à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie sera placée sous haute surveillance.
Tout a été minutieusement scruté pour éviter toute contestation. La consultation du 4 novembre pour l’accession à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie sera placée sous le contrôle d’une quinzaine d’observateurs de l’Organisation des nations unies (ONU) et de 250 délégués venus de métropole qui vont se déployer dans l’ensemble des 235 bureaux de vote installés sur le territoire. L’objectif du gouvernement, du Haut-Commissariat de la Nouvelle-Calédonie et des membres du comité des signataires de l’accord de Nouméa est de faire en sorte que toutes les conditions de transparence et, par voie de conséquence, de légitimité du scrutin, soient réunies.
La composition du corps électoral autorisé à prendre part au vote d’autodétermination a donné lieu à d’innombrables séances de discussion depuis des années, parfois envenimées, jusqu’à l’accord intervenu au comité des signataires qui s’est tenu à Matignon le 2 novembre 2017. L’accord de Nouméa délimitait strictement les contours des « populations intéressées » à l’avenir de la Nouvelle-Calédonie et, donc, autorisées à prendre part au scrutin.
Pour figurer sur la liste électorale spéciale, il faut remplir au moins une des conditions suivantes : avoir été admis à participer à la consultation du 8 novembre 1998 ; remplir la condition de dix ans de domicile au moment de la consultation de 1998 ; avoir eu le statut civil coutumier ou, né en Nouvelle-Calédonie, y avoir le centre de ses intérêts matériels et moraux ; avoir l’un de ses parents né en Nouvelle-Calédonie et y avoir le centre de ses intérêts matériels et moraux ; pouvoir justifier de vingt ans de domicile continu en Nouvelle-Calédonie ; être né avant le 1er janvier 1989 et avoir eu son domicile en Nouvelle-Calédonie de 1988 à 1998 ; être né à partir du 1er janvier 1989 et avoir eu un de ses parents satisfaisant aux conditions pour participer à la consultation de 1998.
Bureaux délocalisés
A la suite du comité des signataires de novembre 2017, les Kanak ayant un statut civil coutumier mais qui n’étaient pas inscrits sur la liste électorale générale l’ont été d’office, afin de pouvoir prendre part au référendum. Ont également été inscrits les électeurs nés en Nouvelle-Calédonie et présumés y détenir le centre de leurs intérêts matériels et moraux dès lors qu’ils y ont été domiciliés de manière continue durant trois ans.
Des bureaux de vote délocalisés ont été installés à Nouméa pour les électeurs des communes des îles résidant sur la Grande Terre : 3 256 d’entre eux ont opté pour le vote dans un de ces bureaux. La commission de contrôle a aussi recensé 564 personnes théoriquement inscrites mais qui n’ont pu être localisées à une adresse. Des dispositions ont également été prises pour que 180 électeurs incarcérés au camp Est puissent voter par procuration.
Finalement, ce sont 174 154 électeurs, dont 80 120 de statut civil coutumier, qui vont pouvoir prendre part à la consultation. Ce nombre, toutefois, pourra évoluer à la marge jusqu’au dernier moment, si des personnes non inscrites pouvant justifier qu’elles remplissent au moins une des conditions requises se présentent le jour du scrutin dans un bureau de vote.