Les accidents du travail à un niveau historiquement bas
Les accidents du travail à un niveau historiquement bas
Par Bertrand Bissuel
La baisse s’est poursuivie en 2017, sauf dans l’intérim et le secteur de « l’aide et des soins à la personne ».
Les accidents du travail n’ont jamais été aussi peu fréquents depuis soixante-dix ans. En 2017, il y en a eu 33,4 pour 1 000 salariés, soit une diminution de 0,5 % par rapport à l’année précédente, selon les statistiques dévoilées, jeudi 15 novembre, par la direction des risques professionnels de l’Assurance-maladie. Ce recul de la « sinistralité » est général, à l’exception de deux secteurs. Celui de « l’aide et des soins à la personne » continue d’enregistrer une progression, avec un ratio de 52,8 ‰ – les activités les plus touchées se situant dans l’aide à domicile et les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), avec un score de 97,2 ‰. L’autre branche concernée par une poursuite de la hausse est l’intérim, où « l’indice de fréquence » atteint 53,6 ‰ : une tendance liée, en partie, à la bonne santé des entreprises de travail temporaire depuis quelques années.
Le bâtiment et les travaux publics (BTP) demeure à des niveaux élevés (56,8 ‰, soit 23 points de plus que la moyenne nationale) mais l’indicateur reste orienté à la baisse, de façon « quasi continue depuis vingt ans ».
Les ouvriers plus exposés que les cadres
Une autre étude, diffusée jeudi par l’Insee, montre que 26 % des travailleurs déclarent avoir été blessés au moins une fois dans le cadre de leur activité professionnelle. L’enquête (conduite auprès de personnes qui occupaient un emploi en 2013 ou qui en avaient occupé un auparavant) révèle d’importantes disparités selon les catégories socioprofessionnelles et les secteurs. Ainsi, les ouvriers sont beaucoup plus exposés que les cadres : 40 % dans le premier cas, contre 16 % dans le second. Les individus employés dans la construction sont les plus nombreux à indiquer avoir subi un « accident du travail ayant entraîné une blessure » (42 %). Viennent ensuite le transport (34 %), l’agriculture (32 %) et l’industrie (31 %). De façon assez prévisible, les services financiers (13 %) et l’information-communication (14 %) sont beaucoup moins touchés.
Un quart des répondants, qui affirment avoir été blessés, estiment être encore limités dans leur vie quotidienne à cause du dernier accident dont ils ont été victimes. Ces « limitations » sont plus répandues chez les agriculteurs (34 %), les employés (28 %) et les ouvriers (27 %).
Dans 75 % des cas, « le dernier accident a contraint la personne à s’arrêter de travailler au moins un jour », relate l’Insee. Ce pourcentage est plus faible chez les agriculteurs ainsi que les artisans, commerçants et chefs d’entreprises. Des écarts sans doute imputables aux « spécificités des régimes de protection sociale des indépendants », juge l’Insee : « Parmi tous les accidentés », 15 % des agriculteurs et 9 % des artisans, commerçants et chefs d’entreprises expliquent « qu’ils n’ont pas été indemnisés parce qu’ils n’étaient pas couverts ». Or une telle situation est extrêmement rare pour les autres catégories (3 %).