CAN 2019 : l’Egypte face au défi sécuritaire
CAN 2019 : l’Egypte face au défi sécuritaire
Par Alexis Billebault
Choisi pour accueillir le tournoi africain de football, le pays dispose des infrastructures nécessaires mais est confronté à la menace terroriste et à la violence dans les stades.
Des policiers égyptiens lors d’un match de football à huis clos, au Caire, le 4 janvier 2019. / Amr Dalsh / REUTERS
La Confédération africaine de football (CAF) fait du neuf avec du vieux. Comme elle l’a annoncé mardi 8 janvier à Dakar à l’issue d’un comité exécutif extraordinaire, la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui se jouera à partir de cette année à 24 équipes, se déroulera dans un pays qui l’a accueillie à quatre reprises (1959, 1974, 1986 et 2006). L’Egypte, où le siège de l’instance est installé, a été choisie pour organiser la plus importante compétition africaine, au détriment de l’Afrique du Sud, qui faisait pourtant figure de favori.
Les deux pays s’étaient portés candidats en décembre, après que le Cameroun, qui devait initialement recevoir le tournoi, a été prié de se concentrer sur l’édition 2021. L’Afrique du Sud, qui avait suppléé la Libye lors de la CAN 2013 et accueilli la Coupe du monde 2010, dispose des meilleures infrastructures sportives, hôtelières et de communication du continent. Mais la nation Arc-en-Ciel, touchée par une grave crise financière et qui a en mémoire les affluences souvent très basses lors des CAN 1996 et 2013, a été devancée par l’Egypte, habituée elle aussi à organiser de grands événements sportifs.
« Un grand pays de football »
« Les Egyptiens étaient plus motivés, plus enthousiastes à l’idée d’organiser la CAN, affirme un dirigeant d’une fédération africaine. L’Egypte, c’est un grand pays de football, avec des clubs, notamment Al-Ahly et Zamalek, qui ont remporté beaucoup de titres continentaux. Et les Pharaons sont les détenteurs du nombre de victoires en phase finale [sept titres]. Tout cela a probablement joué dans la décision du comité exécutif de la CAF, même si en 2006 les stades étaient loin d’être remplis, hormis quand la sélection égyptienne jouait. »
Ce choix peut surprendre. Le pays, qui n’est pas épargné par les problèmes économiques, sociaux et confessionnels, va devoir relever plusieurs défis. Lors de la conférence de presse qui a suivi l’annonce du comité exécutif, Ahmad Ahmad, le président de la CAF, n’a pas caché que le dossier égyptien était loin d’être parfait. « Toutes les opérations sur la préparation vont commencer maintenant, a-t-il déclaré. La CAF va travailler étroitement avec l’Egypte pour qu’on aille de l’avant. Nous savons les défis et les problèmes qui existent. Nous pouvons demander le soutien de nos partenaires, dont la FIFA, ou d’autres pays, pour nous aider à organiser cette CAN 2019. »
L’Egypte dispose de 158 jours pour se préparer avant le premier match d’une compétition qui s’étirera du 15 juin au 13 juillet. Avec de nombreux stades de plus de 20 000 places, dont certains très récents, le pays est relativement bien doté. Le tournoi devrait se dérouler dans cinq villes géographiquement proches les unes des autres : Le Caire, Alexandrie, Port-Saïd, Suez et Ismaïlia, un choix qui aurait l’avantage de limiter les déplacements, alors que les routes égyptiennes sont parmi les plus dangereuses du monde.
Un attentat visant des touristes
Les principaux problèmes auxquels l’Egypte devra faire face sont d’une autre nature, et le premier concerne bien évidemment la sécurité intérieure. Le pays est depuis plusieurs années la cible d’attentats, le plus souvent revendiqués par l’organisation Etat islamique (EI). Le dernier en date, le 28 décembre, a entraîné la mort de trois touristes vietnamiens et de leur guide local près des pyramides de Gizeh. Il s’agissait de la première attaque visant des touristes depuis juillet 2017.
Les autorités devront également se pencher sur la violence récurrente qui s’invite dans les stades du pays lors des compétitions nationales ou internationales. En février 2012, 74 personnes avaient ainsi trouvé la mort lors d’une rencontre entre Port-Saïd et Al-Masry, un drame qui avait incité l’Etat à imposer le huis-clos dans tous les stades du pays. Trois ans plus tard, au Caire, à l’issue d’un match entre Zamalek et ENPPI, ce sont 19 personnes qui avaient perdu la vie lors d’affrontements avec les forces de l’ordre ayant entraîné une bousculade meurtrière.