« Gilets jaunes » : « aucun contact » entre la manifestante blessée à Nice et un policier, selon le procureur
« Gilets jaunes » : « aucun contact » entre la manifestante blessée à Nice et un policier, selon le procureur
Le Monde.fr avec AFP
Geneviève Legay, 73 ans, « a été poussée », mais « il est difficile de savoir qui exactement était derrière elle ».
Genevieve Legay, samedi 23 mars à Nice. / VALERY HACHE / AFP
Geneviève Legay, la septuagénaire blessée à Nice lors d’une manifestation de « gilets jaunes », samedi 23 mars, n’a « pas été touchée intentionnellement », et n’a eu « aucun contact avec un agent de sécurité », a déclaré lundi 25 mars le procureur de la République de Nice. « Elle a été poussée, la chute est intervenue alors que les forces de l’ordre intervenaient pour une action de dispersion », a précisé Jean-Michel Prêtre lors d’une conférence de presse. Mais « il est difficile de savoir qui exactement était derrière elle », a-t-il ajouté.
Selon le procureur, qui « exclut qu’elle était en train de courir » et soit tombée seule, il y avait derrière elle trois personnes, « un journaliste qui filmait, une autre manifestante et une autre personne à la casquette marron ». « On ne voit pas qui la pousse », mais « elle n’a pas été touchée par les forces de sécurité », a-t-il assuré.
« Plaie à l’arrière du crâne »
Des plaintes visant la police et le préfet des Alpes-Maritimes ont été déposées lundi par la famille de Geneviève Legay. Cette altermondialiste de 73 ans, porte-parole de l’association Attac dans les Alpes-Maritimes, avait violemment chuté samedi lors d’une charge des forces de l’ordre, alors qu’elle manifestait dans un périmètre interdit.
Les pompiers avaient évacué Geneviève Legay, consciente malgré son état. Une flaque de sang restait visible au sol provenant d’une blessure au niveau de la tête, avaient pu constater des journalistes de l’Agence France-Presse. La septuagénaire « présente une plaie à l’arrière du crâne », a confirmé lundi le procureur.
Interrogée par les enquêteurs, Geneviève Legay a assuré ignorer que la manifestation était interdite sur la place – un motif invoqué par la préfecture pour justifier la charge policière. Samedi, la manifestation pour l’acte XIX du mouvement de contestation sociale avait en effet été interdite dans une grande partie de la ville de Nice, le préfet et la mairie craignant des débordements à la veille de l’arrivée du président chinois Xi Jinping.
« Une forme de sagesse »
« Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci », a commenté lundi matin, dans un entretien à Nice-Matin, le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, tout en soulignant que « cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre ». Fait rare, le président a en outre souhaité « un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse » à Geneviève Legay.
Plus tôt, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, s’était aussi interrogée sur les circonstances de l’incident :
« Je trouve tout de même curieux que lorsqu’une manifestation est interdite, comme c’était le cas à Nice, quelqu’un aille absolument avec la volonté de manifester à cet endroit-là. Il y avait quelques périmètres, dans certaines villes, où les manifestations étaient interdites. A la suite de sommations, une personne qui y reste est susceptible de commettre un délit et c’est dans ce cadre-là que les événements se sont passés ».
Le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre, a déclaré qu’il avait ouvert dès samedi après-midi « une enquête classique en recherche des causes des blessures ». « J’ai ordonné la saisie des images vidéo, par ailleurs d’excellente qualité, et fait des réquisitions auprès de l’hôpital Pasteur », a ajouté M. Prêtre.