Elections européennes : le duo Glücksmann et Faure veut « parler aux orphelins de la gauche »
Elections européennes : le duo Glücksmann et Faure veut « parler aux orphelins de la gauche »
Par Sylvia Zappi
En visite à Creil, les responsables du PS et de Place publique ont effectué leur première sortie de campagne. « On est en train de vivre un mouvement de bascule », veulent-ils croire.
Olivier Faure, à gauche, et Raphaël Glücksmann, à droite, lundi 25 mars à Creil (Oise). / PHILIPPE LOPEZ / AFP
Raphaël Glücksmann est « heu-reux ». Le fondateur de Place Publique a voulu le montrer en se rendant à Creil (Oise), lundi 25 mars, avec le patron du Parti socialiste (PS). Une virée dans une ville pauvre, territoire déshérité qui subit les conséquences des économies budgétaires, rien de mieux pour montrer que la liste commune aux Européennes avec le PS n’est pas celle des bobos parisiens. Les deux viennent parler services publics comme démonstration des dégâts que peut faire la politique d’austérité sur injonction de l’Union européenne. Ils ont encore du mal à marcher du même pas, à sourire ensemble sur la photo mais ça y est, leur campagne est lancée. « L’Europe c’est le combat de ma vie », lâche l’essayiste tête de liste. « On est une bande organisée pour redonner goût à l’Europe et parler aux orphelins de la gauche », renchérit un Olivier Faure, ravi.
Il faut dire que les sondages du week-end ont affiché un petit mouvement à la hausse. Plus deux points, selon l’étude de Harris Interactive-Agence Epoka réalisée pour LCI, RTL et Le Figaro, publiée dimanche 24 mars, tandis que celle d’Ipsos Sopra Steria pour le Cevipof, la Fondation Jean-Jaurès et Le Monde, parue lundi, prévoit plus un point et demi (6 %). Il n’en a pas fallu plus pour que Claire Nouvian, présidente de Place publique, s’enthousiasme : « On est en train de vivre un mouvement de bascule. » Ses camarades restent plus prudents, et continuent à dire que leur liste reste ouverte aux écologistes et aux amis de Benoit Hamon.
« L’écologie et la justice sociale vont de pair »
Il n’empêche, quand EELV doit gérer les effets du débauchage de Pascal Canfin et Pascal Durand par La République en marche (LRM) et que Génération. s peine à percer, le duo veut croire qu’il va pouvoir séduire l’électorat social-démocrate en déshérence après avoir voté pour Emmanuel Macron à la dernière présidentiellle. Leur déplacement à Creil avait donc été préparé pour montrer le diptyque martelé comme un mantra, « l’écologie et la justice sociale vont de pair », avec une visite dans une école pilote sur le premier volet et une rencontre avec un collectif de défense de la maternité de l’hôpital de Creil de l’autre. La fin de matinée a été l’occasion d’admirer un groupe scolaire bâti en bois, dont les toits ont été transformés en jardins suspendus et où le self « écoresponsable » veille à ce que les enfants ne gaspillent pas le pain.
L’après-midi, le duo s’est campé devant l’entrée de l’hôpital en compagnie de Laurence Rossignol, sénatrice PS, locale de l’étape, pour dénoncer la fermeture de la maternité. « Ici, 40 % de la population est en dessous du seuil de pauvreté et ne possède pas de voiture. Mais les femmes de Creil doivent faire dix kilomètres pour accoucher à Senlis. C’est un choix fou et profondément injuste d’avoir privilégié une ville bourgeoise. Il faut sortir du dogme de l’austérité budgétaire », s’emporte Raphaël Glücksmann. Avant d’ajouter : « On veut porter une Europe qui sorte du culte des 3 %. » Autour, les militants PS s’activent, jurant qu’ils sont heureux que « leur parti se déborde ». Rassurés surtout que les accents de l’essayiste se soient gauchis.
« Quelque chose se passe »
Car le déplacement avait aussi des vertus internes. Lundi, au siège du PS, se réunissait la commission électorale qui doit proposer les noms des socialistes qui figureront sur la liste commune. Durant une bonne partie de la visite, Olivier Faure a dû gérer les mails et coups de fil de ses camarades qui veulent une place éligible sur la liste européenne et ne comprennent pas qu’on la leur refuse. Le numéro un socialiste n’est pas inquiet : « Les remontées des fédés sont excellentes. Tout le monde a le sentiment que quelque chose se passe », assure-t-il. Raphaël Glücksmann, regard en coin, souffle : « Notre seule demande ; c’est qu’on ne recase pas tous les vieux. » Réponse mardi, où le bureau national doit entériner les propositions de l’exécutif avant un vote des militants le 3 avril.