Azali Assoumani lors de son dernier rassemblement électoral le 22 mars 2019, à Moroni (Comores). / GIANLUIGI GUERCIA / AFP

Le chef de l’Etat comorien sortant, Azali Assoumani, a été réélu dès le premier tour de l’élection présidentielle avec 60,77 % des suffrages, selon des résultats provisoires annoncés mardi 26 mars par la Commission électorale (CENI).

Azali Assoumani, au pouvoir depuis 2016, a très largement devancé son principal adversaire, Mahamoudou Ahamada, du parti Juwa, qui a obtenu 14,62 % des suffrages, a ajouté le président de la CENI, Djaza Ahmed Mohamed, devant la presse à Moroni.

Interrogé par l’Agence France-Presse, Mahamoudou Ahamada a immédiatement « rejeté les résultats », dénonçant « un coup d’Etat militaire à travers une élection présidentielle ». Il a appelé « la communauté internationale à ne jamais reconnaître la réélection d’Azali ».

L’opposition et la société civile comoriennes ont dressé un bilan accablant du scrutin organisé dimanche, dénonçant des bureaux saccagés, des urnes bourrées ou confisquées par la gendarmerie et des assesseurs de l’opposition empêchés de faire leur travail.

« Hold-up électoral »

Tout au long de la campagne, Azali Assoumani, 60 ans, a répété qu’il comptait bien l’emporter dès le premier tour. A la tête du pays de 1999 à 2006, réélu en 2016, l’ancien putschiste a engagé sa grande entreprise de maintien au pouvoir en faisant adopter, il y a un an, une réforme constitutionnelle par référendum.

Ce texte a étendu de un à deux mandats de cinq ans la durée de la présidence attribuée par rotation à un natif de chacune des trois îles de l’archipel (Grande-Comore, Mohéli, Anjouan). Par la grâce du nouveau calendrier électoral, Azali Assoumani pourrait ainsi rester au pouvoir jusqu’en 2029.

L’opposition a crié au au « hold-up » électoral. Ce nouveau système, dit-elle, a remis en cause le fragile équilibre institutionnel instauré en 2001 pour mettre fin aux crises séparatistes et aux coups d’Etat à répétition qui agitaient l’archipel depuis son indépendance en 1975. Mais rien n’y a fait. Au contraire, le président a fait taire les critiques à grands coups d’arrestations. Son ennemi juré, l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi, est détenu pour corruption et plusieurs dirigeants de parti condamnés pour tentatives de coup d’Etat.

L’opposition a dénoncé la dérive autoritaire du régime, sa corruption et son incapacité à réduire la pauvreté extrême des 800 000 habitants du pays. Mais, divisée et décimée par la répression, ses chances de succès étaient limitées face à la « machine Azali ».