Notre-Dame : des peintures et sculptures affectées par les révolutions et les restaurations
Notre-Dame : des peintures et sculptures affectées par les révolutions et les restaurations
Par Philippe Dagen
Le principal patrimoine de la cathédrale était constitué par les mays, un ensemble de peintures du XVIIe siècle à sujet religieux.
La cathédrale renfermait plusieurs tableaux et des sculptures, et des objets sacrés dont on ignore à l’heure actuelle précisément combien ont pu être sauvés. Notre-Dame contenait surtout des œuvres relativement récentes : de régimes en révolutions, de pillages en restaurations, il ne reste à peu près rien, à l’intérieur de la cathédrale, de ce qui l’ornait au Moyen Age. Du XVIIe au XIXe siècle des transformations radicales ont été opérées. La Révolution détruisit ou dispersa l’essentiel du mobilier et des sculptures. Les campagnes de restauration de Viollet-le-Duc ont autant affecté l’intérieur que l’extérieur du monument.
Le principal ensemble de peintures est celui des mays : chaque année, au début du mois de mai, la corporation des orfèvres parisiens offrait un nouveau tableau à sujet religieux de grande taille, commandé à l’un des artistes en vue du moment. La coutume a duré de 1630 à 1705, à l’exception des années 1683 et 1694. Les toiles étaient accrochées sur les piliers.
Quand, faute de fonds, la corporation interrompit ce rite, il y avait 76 mays. Ceux des artistes les plus renommés furent saisis à la Révolution et placés au Louvre. D’autres – 5 ou 6 – disparurent. Plusieurs de ceux qui revinrent dans la nef sous l’Empire en furent retirés durant les restaurations et n’y revinrent plus. Au total, on connaît aujourd’hui une cinquantaine de mays, répartis entre Louvre, musées de province et la cathédrale qui n’en conserve que treize. C’est peu, mais ce sont, pour plusieurs, des œuvres remarquables de peintres de premier plan : deux de Laurent de La Hyre, deux de Charles Le Brun dont Le Crucifiement de saint André de 1647, un de Sébastien Bourdon, Le Crucifiement de saint Pierre de 1643.
En dehors des mays, d’autres peintures importantes sont aussi conservées : un Martyre de saint Barthélemy de Lubin Baugin, une Nativité de la Vierge des frères Le Nain, Le Martyre de sainte Catherine, peinture de Jospeh-Marie Vien, et encore une Visitation de Jean Jouvenet, seule survivante d’un ensemble de huit œuvres monumentales commandé en 1715 et qui connut les mêmes aventures que les mays. La peinture à Notre-Dame est donc du XVIIe siècle et, en moindre quantité du XVIIIe siècle.
Vicissitudes du trésor
En matière de sculpture, l’ensemble principal est celui des stalles du chœur, sièges en bois alignés en deux rangées. Elles ont été exécutées entre 1710 et 1714 par Jean Nel et Louis Marteau, sur des dessins de Jules Dugoulon, sous la direction de l’architecte Robert de Cotte. Leurs dossiers portent des scènes de la vie de la Vierge et des allégories. Deux chaires complètent l’ensemble, le plus important de sculptures sur bois du début du XVIIIe siècle encore en place aujourd’hui. Autres sculptures, religieuses ou funéraires : des restes des sculptures de la clôture du chœur abattue lors des travaux préparatoires aux stalles, un Saint Denis de Nicolas Coustou de 1721-1722, le Mausolée du comte d’Harcourt, de Jean-Baptiste Pigalle, de 1775.
Le trésor, qui conserve les objets consacrés à la liturgie catholique, a connu, lui aussi, bien des vicissitudes, ayant servi de réserve de métal précieux à la monarchie : fontes et ventes de châsses, reliquaires et ciboires en or et pierres précieuses avaient déjà marqué son histoire avant que la Révolution le confisque en 1791. Recréé après le Concordat, il fut à nouveau pillé durant les journées révolutionnaires de juillet 1830 et février 1831. Dans les années 1850, Viollet-le-Duc y consacra une partie de ses travaux, le recréant en style néogothique et dessinant dans ce même style un nouveau reliquaire pour la Couronne d’épines acquise par Saint Louis et conservée à la Sainte-Chapelle jusqu’à la Révolution. A l’exception de celle-ci et de la tunique dite de Saint Louis, les objets précieux que conserve le trésor datent du Second Empire ou sont plus récents, dons de pontifes et de souverains en visite à Paris.