Impôts, « Top Chef », Duras et animaux en ville : nos replays du week-end
Impôts, « Top Chef », Duras et animaux en ville : nos replays du week-end
Chaque samedi, « La Matinale » propose un choix de programmes à (re) voir en différé.
LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine, revivez la finale des 10 ans de « Top Chef », découvrez la curieuse cohabitation des animaux sauvages avec les urbains, allez demander aux Grecs et aux Danois ce qu’ils pensent de leur taux d’imposition et retrouvez les enfants dont Marguerite Duras a recueilli la parole en 1967.
« Top chef » : un final de bon goût
La dixième saison du concours culinaire « Top Chef », qui devait révéler, comme les précédentes saisons, des personnalités diversement marquantes, s’est achevée mercredi 8 mai, sur M6, après quatorze semaines de compétition. On est ravi que le Belge insupportable de prétention et la candidate grande gueule des débuts aient été assez vite débarqués, que Merouan Bounekraf, dont la dissipation tapageuse (sûrement fortement encouragée par la production) finissait par être horripilante, les aient suivis avant et après quelques autres, sympathiques mais inégaux et moins marquants. Certains, débarqués injustement à leur goût, n’ont pas manqué de faire savoir publiquement qu’ils se sentaient floués : un grand classique du genre dans les émissions de télé-réalité.
Le quatuor de talents des dernières épreuves a vu partir l’attachante et douée Alexia Duchêne – qui avait fortement impressionné le grand chef Yannick Alléno – ainsi que le chouchou, beau gosse et gentil garçon, Florian Barbarot, doué et charismatique mais qui a dû s’incliner au profit du nounours breton Guillaume Pape et de Samuel Albert, le « premier de la classe », comme le surnommaient beaucoup de téléspectateurs sur les réseaux sociaux, mais aimable et modeste pour autant. Et c’est lui qui fit la démonstration que son expérience au service de l’ambassadeur de Belgique au Japon – dont on comprend pourquoi les soirées sont toujours réussies – et sa cuisine entre deux cultures étaient les plus convaincantes.
En plus de leur talent technique et de leur imagination culinaire, Guillaume Pape et Samuel Albert avaient développé une belle et profonde amitié qui a éclairé ce concours d’une jolie lumière. On a d’ailleurs appris que le gagnant (à 53,08 % des votants priés à la table d’un grand hôtel de Savoie pour un dîner) avait rétrocédé 10 % de ses gains à son ami perdant. Très beau geste, sportif et fair play. Renaud Machart
Top Chef, saison 10. L’intégrale des épisodes est disponible sur M6 replay.
Pour Jean Quatremer, le taux d’imposition n’est pas qu’un chiffre mais avant tout une notion philosophique et le produit d’une histoire politique et culturelle. / FRED TANNEAU / AFP
« Qu’est-ce qu’un bon impôt ? » : regards européens
Mais où est donc passé le consentement à l’impôt ? C’est peu dire qu’après quasiment six mois de manifestations hebdomadaires des « gilets jaunes », ce pilier de notre démocratie depuis la Révolution a du plomb dans l’aile. La France semble en effet prisonnière d’une équation qu’elle ne parvient pas (ou ne veut pas) résoudre : comment concilier des services publics de qualité et un pouvoir d’achat satisfaisant ? « Quand j’ai donné mon avis sur la question, explique le journaliste Jean Quatremer, réalisateur de Qu’est-ce qu’un bon impôt ? pour la chaîne LCP, on m’a dit d’aller – et je vais être poli – voir ailleurs. Eh bien c’est ce que j’ai fait. »
Et de s’engager dans un tour d’horizon de l’impôt en Europe pour voir si l’herbe est plus verte chez le voisin. Pas de tableaux ni d’équation compliquée dans ce documentaire qui se veut pédagogique et accessible. Pour Jean Quatremer, le taux d’imposition n’est pas qu’un chiffre, plus ou moins « punitif » selon celui qui y est assujetti, mais avant tout une notion philosophique et le produit d’une histoire politique et culturelle. Ce petit film de moins d’une heure repose clairement les bases du débat. Audrey Fournier
Qu’est-ce qu’un bon impôt, documentaire de Jean Quatremer (50 min). En replay sur lcp.fr.
Cerf, ours, pumas : quand ils habitent en ville
Un ours est encerclé dans un parc après avoir passer des heures à roder dans le quartier de Granada Hills (Californie) et s’être baigné dans la piscine d’un habitants, le 17 juillet 2018. / AP
Besoin de se détendre ? Regardons par la fenêtre. Trois oursons pataugent dans la piscine du voisin – qui leur a fourni des jouets pour s’amuser. La scène ne se déroule pas en France mais à Ashville, sur la Côte est des Etats-Unis, où des centaines de ces plantigrades se sont installés, attirés par la nourriture facile et l’absence de prédateurs naturels. Ce sont les mêmes motivations qui ont poussé les coyotes à envahir Chicago, les pumas à squatter les parcs de Los Angeles, les castors à coloniser Vancouver…
La minisérie « Quand les animaux sauvages emménagent en ville » recense ainsi neuf cas emblématiques selon leur zone géographique d’Amérique du nord : la grande forêt de l’Est, les grandes plaines et la Côte ouest. La faculté d’adaptation de ces animaux « opportunistes » est mise en valeur. A Montréal, au Québec, où la densité de ratons laveurs (40 par km2) est deux fois supérieure à celle en milieu sauvage, le petit mammifère (comme l’ours d’ailleurs) a très vite appris à ouvrir les poubelles – trop peut-être, puisqu’on a recensé des ratons obèses et souffrant de caries. Face à cet état de fait, l’homme doit lui aussi s’adapter. Scientifiques, universitaires et ONG équipent les animaux de colliers, de GPS, et éduquent les humains pour que la cohabitation se passe au mieux. Avec une conviction forte, propre à ce continent : les villes de demain seront le dernier sanctuaire de la faune sauvage, ou ne seront pas. Catherine Pacary
Quand les animaux sauvages emménagent en ville, de Guy Beauché et Sébastien Lafont (Fr., 2018, 3 x 43 min), en replay jusqu’au 6 juillet sur arte.tv.
Temps et rires de l’enfance avec Marguerite Duras
La romancière française Marguerite Duras assiste à l'émission littéraire "Apostrophes" de Bernard Pivot sur Antenne 2, le 28 septembre 1984 à Paris. / CHARLES PLATIAU / AFP
Tout commence en 2017. Léa Capuano, qui a débuté à Radio Campus Paris avant de rejoindre France Culture en 2014, entend un enregistrement d’archive, dans lequel, en 1967, Marguerite Duras – à l’invitation de François Truffaut pour l’émission « Comme il vous plaira » de France Culture – questionne des enfants de l’école de la rue Saint-Benoît, où elle habita (au numéro 5), dans le 6e arrondissement de Paris. « Immédiatement, j’ai voulu les retrouver », confie Léa Capuano. Commence alors « une enquête à la Sherlock Holmes », à l’heure, heureusement, d’Internet. En quelques mois, elle retrouve Claire, Christine, Antoine, François (mort pendant le tournage et auquel le podcast est dédié).
En février, la jeune femme commence les entretiens et pose les mêmes questions que Marguerite Duras. Les vraies, les seules, les « essentielles », comme elle les appelle : « C’est quoi le meilleur dans la vie ? » ; « Qu’est-ce qui est triste ? » Il est intéressant de noter combien les réponses des enfants – que l’on entend ici grâce à cette belle archive – sont courtes parce que franches, tranchées, quand les adultes, eux, hésitent davantage. Intéressant aussi de voir comment, très tôt, les enfants ont conscience qu’on les « surveille » (« trop »). Que l’argent est important, pour tout ce qu’il permet d’acheter… Que, « et même si on mange bien », dira l’un d’eux, « on ne peut pas s’empêcher de mourir, c’est comme ça la vie ». Grâce à un montage cousu main, fait notamment d’habiles allers et retours entre hier et aujourd’hui, on saisit le temps qui passe, les rires qui fusent avec des silences parfois merveilleusement nécessaires. Emilie Grangeray
Les Enfants de Duras, podcast original en 3 épisodes de 25 minutes, produit par Léa Capuano, réalisé par Angélique Tibau, disponible sur Franceculture.fr.