Benoît Hamon : « Il y a des pressions de l’Elysée pour mettre en scène le face-à-face LRM-RN »
Benoît Hamon : « Il y a des pressions de l’Elysée pour mettre en scène le face-à-face LRM-RN »
Propos recueillis par Abel Mestre, Sylvia Zappi
Relégué comme d’autres en deuxième partie de soirée, l’ex-candidat à la présidentielle menace de boycotter le débat organisé le 22 mai par France Télévisions. Il appelle à en finir avec « les candidats protégés ».
Benoît Hamon, en décembre 2017. / JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Benoît Hamon, tête de liste du Printemps européen, estime que le débat organisé par France 2 entre les candidats aux élections européennes, mercredi 22 mai, relève de la « tambouille » et annonce qu’il n’y participera pas si la chaîne publique ne modifie pas le dispositif.
Participerez-vous au débat organisé par France 2 ?
Si France Télévisions ne change rien à son organisation, je m’abstiendrai d’y aller. Je ne suis pas le seul dans cet état d’esprit. Mais j’appelle les médias libres à organiser un vrai débat.
Que reprochez-vous à la chaîne publique ?
Il y a un débat avec six listes [La République en marche, La France insoumise, le Parti socialiste, le Rassemblement national, Les Républicains et Europe Ecologie-Les Verts] choisies par France Télévisions. Ils ont accepté que des listes soient représentées par des chefs de parti comme par exemple Stanislas Guerini [LRM] ou Marine Le Pen [RN] à la place des têtes de liste.
Tous les autres sont renvoyés en deuxième partie de soirée quand les Français sont au lit, avec une audience trois fois inférieure. C’est méprisant pour la démocratie, le pluralisme et l’Europe dont tout le monde semble se contrefiche.
Mais ils choisissent en fonction des intentions de vote…
Il y a des pressions de l’Elysée pour mettre en scène le face-à-face LRM-RN qui dénature cette élection. La République en marche et le Rassemblement national s’entendent pour réduire cette élection à un scrutin intermédiaire, autour de programmes franco-français, à mille lieues des décisions cruciales sur le commerce, l’écologie ou les questions sociales qui seront prises au Parlement européen pendant les cinq années à venir. Il y aurait pu avoir un tirage au sort entre les listes.
Là, on ne peut ni interpeller les têtes de liste de LRM ni le RN : soit ils ne sont pas là, soit on n’est pas dans le même débat. Il faut en finir avec les candidats protégés. Le service public est censé avoir une responsabilité supérieure. J’observe que BFM-TV, télévision privée, souvent critiquée, est plus respectueuse du pluralisme.
Qu’est-ce qui vous empêche de vous exprimer lors de cette séquence ?
J’aurais voulu, par exemple, interpeller les candidats sur les futures alliances au Parlement européen. Stéphane Séjourné [directeur de campagne de LRM] a dit à L’Opinion qu’il estimait probable et souhaitable une future alliance entre le Parti socialiste européen, le Parti populaire européen, les libéraux et les Verts. Il confirme les propos du premier ministre socialiste portugais Antonio Costa ou du candidat socialiste à la présidence de la Commission européenne, Frans Timmermans. Ce point n’est pas mince.
Il y a donc aujourd’hui plusieurs manières de voter Macron, en votant Vert ou social-démocrate ou pour Nathalie Loiseau ! Il me semble que ce débat mérite d’avoir lieu devant les Français.