Aux JO de Rio, en 2016, l’AIBA, sous la pression du CIO, avait décidé d’écarter son directeur exécutif et sept juges-arbitres labellisés « 5 étoiles » – les plus réputés –, tous soupçonnés de s’être entendus pour favoriser certains pays. / Dan Sheridan/INPHO/PRESSE SPORTS / PRESSE SPORTS

Y aura-t-il de la boxe aux Jeux olympiques (JO) de Tokyo en 2020 et, si oui, le tournoi sera-t-il organisé par la Fédération internationale de boxe amateurs (AIBA), ou sera-t-il placé sous la tutelle directe du Comité international olympique (CIO) ? La commission exécutive de l’organisation olympique doit donner sa réponse dans la journée de mercredi 22 mai. L’absence de la boxe aux JO serait une première. Tout autant qu’une mise à l’écart de l’AIBA de l’organisation du tournoi, si celui-ci devait être maintenu.

  • Pourquoi cette question de la présence de la boxe à Tokyo se pose-t-elle ?

Régulièrement en crise depuis les années 1980, l’AIBA est dans le collimateur du CIO tout à la fois pour des problèmes de gouvernance et de santé financière, mais aussi de soupçons de matches arrangés (notamment lors des JO de Rio en 2016) et d’insuffisances dans son programme antidopage.

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L’arrivée à la tête de cette fédération, en novembre 2018, de Gafur Rakhimov n’a pas contribué à calmer le jeu. Au contraire. Cet homme d’affaires ouzbek est très controversé : il a été accusé par le Trésor américain, en décembre 2017, d’être « l’un des criminels les plus importants d’Ouzbékistan et un acteur important du trafic d’héroïne ».

Tout cela a conduit le CIO à annoncer, en décembre 2018, le gel de l’organisation du tournoi olympique de boxe. Parallèlement, l’instance olympique a créé une commission d’enquête, composée de trois membres et présidée par le Serbe Nenad Lalovic, membre de la commission exécutive du CIO et président de la Fédération internationale de lutte.

Entre-temps, fin mars, pour essayer d’amadouer le CIO et conserver l’organisation du tournoi à Tokyo, Gafur Rakhimov a annoncé sa mise en retrait de la fédération internationale. Dans les faits, l’Ouzbek a toutefois simplement décidé de « renoncer à l’exercice de ses pouvoirs » pour « être remplacé par un président par intérim ».

  • Où en est l’enquête diligentée par le CIO ?

Un rapport d’étape a été présenté, fin mars, par la commission d’enquête à la commission exécutive du CIO. Le rapport final doit être détaillé mercredi 22 mai et c’est sur cette base que le comité exécutif du CIO décidera ou non d’écarter la fédération de l’organisation du prochain tournoi olympique.

La commission n’a entendu qu’une seule fois les responsables de l’AIBA. Lundi 20 mai, huit responsables de la fédération, dont son président par intérim, le Marocain Mohamed Moustahsane et son directeur général, l’Américain Tom Virgets, ont été convoqués pour une audition. La commission d’enquête avait, au préalable, reçu les réponses de l’AIBA à plus d’une cinquantaine de questions.

« Nous avons eu une rencontre très productive (…). Nous restons optimistes quant à l’avenir olympique de l’AIBA », a déclaré, à l’issue de cette audition, Mohamed Moustahsane, cité dans un communiqué. « Nous avons fait tout notre possible pour travailler avec le CIO et tous nos partenaires olympiques », a ajouté M. Moustahsane, qui a assuré récemment que l’AIBA ne contesterait pas en justice une éventuelle décision défavorable à son encontre.

  • Quelles seraient les conséquences d’une mise à l’écart de la fédération de boxe ?

En cas de maintien de la présence de la boxe à Tokyo en 2020, mais avec mise à l’écart de l’AIBA, il faudra organiser les tournois qualificatifs à partir de septembre 2019, puis le tournoi lui-même.

Dans ce cas, le CIO envisage plusieurs options. Il « pourrait inviter des partenaires à organiser le tournoi olympique ainsi que les tournois qualificatifs, dans le cadre d’une sorte d’appel d’offres », a expliqué à l’AFP une source proche du dossier. Autre piste : « mandater une société privée spécialisée dans l’organisation d’événements mais l’instance olympique aurait encore besoin de s’appuyer sur les fédérations nationales de boxe membres de l’AIBA », a ajouté cette source.

Une mise à l’écart de l’organisation du tournoi aurait, en tout cas, un impact financier pour l’AIBA. La fédération perdrait l’aide financière versée par le CIO une fois tous les quatre ans aux fédérations participant aux JO : pour la boxe, c’est un montant d’environ 15 millions de dollars (13,3 millions d’euros) qui est en jeu.

Or, l’AIBA a récemment expliqué que son endettement se chiffre à 16 millions de dollars. Participer aux JO « n’est pas une question de survie mais ça reste une partie importante de notre activité sportive », a déclaré M. Moustahsane dans un entretien à l’AFP.