A trois jours des européennes, Macron réunit le premier Conseil de défense écologique
A trois jours des européennes, Macron réunit le premier Conseil de défense écologique
Par Rémi Barroux, Olivier Faye
Alors que LRM cherche à attirer le maximum d’électeurs écologistes, l’Elysée réunit les ministres concernés par les questions environnementales.
L’heure est à la mobilisation pour Emmanuel Macron. Pour l’environnement, et en même temps pour les élections européennes du 26 mai. En réunissant à l’Elysée, jeudi 23 mai, sous son autorité et celle du premier ministre, Edouard Philippe, dix ministres et trois secrétaires d’Etat à l’occasion du premier Conseil de défense écologique, le chef de l’Etat concrétise l’annonce faite lors de sa conférence de presse, le 25 avril, en conclusion du grand débat national. Et met, par ailleurs, en scène le volontarisme supposé de l’exécutif, à trois jours d’un scrutin où la liste d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) reste une menace susceptible de faire perdre à la majorité quelques précieux points.
Ce conseil, créé sur le mode du Conseil de défense, ne devait pas se conclure par d’annonces de grande ampleur. « C’est une forme de conseil des ministres, mais dédié entièrement à la transition écologique. La priorité indiquée par le président de la République à la question climatique ne peut être l’affaire d’un seul ministre, elle réunit tous les ministres les plus concernés », fait-on savoir dans l’entourage du chef de l’Etat.
Les bilans des plans climat et biodiversité devaient être étudiés. Tout comme il devait être confirmé le probable abandon du projet « Montagne d’or », cette mine d’or en Guyane « incompatible avec les exigences environnementales », selon une expression déjà utilisée par Emmanuel Macron. Le ministre de la transition écologique et solidaire, François de Rugy, doit se rendre en Guyane à la mi-juin. Le calendrier de la réforme du code minier, souvent reporté, devrait être clarifié.
« Opportunisme électoral »
La lutte contre l’artificialisation des sols devait aussi être au programme. « Alors que des points positifs peuvent être mis en avant, comme la création d’un nouveau parc national des forêts de Champagne et Bourgogne, ou l’augmentation des aires protégées, la lutte contre l’artificialisation reste assez balbutiante. A la fois sur la définition de vrais critères de mesure de ce que veut dire “zéro artificialisation” et sur la reconquête des terres dégradées », estime M. de Rugy. Un observatoire de l’artificialisation devrait être mis en place d’ici à la fin juin.
Toutes ces initiatives risquent d’être insuffisantes pour les ONG qui œuvrent sur le front climatique et environnemental et qui redoutent un « écran de fumée ». Yannick Jadot, tête de liste d’EELV aux européennes, y voit lui de l’« opportunisme électoral ». « Evidemment qu’il y a une opportunité, reconnaît un député de la majorité, qui se souvient encore de la percée éclair des écologistes dans les derniers jours avant les européennes de 2009. Si on ne parlait pas d’écologie à trois jours de l’élection, on se ferait insulter par tous ceux qui manifestent pour le climat. » Une journée de mobilisation internationale de la jeunesse et de nombreuses marches sont annoncées, vendredi et samedi, en France et à l’étranger. Pas question, donc, pour Emmanuel Macron de laisser les écologistes reprendre du terrain.
Le deuxième étage de la fusée doit être la convocation, en juin, d’une convention citoyenne réunissant 150 personnes tirées au sort pour travailler sur la transition écologique. Dans un entretien au Parisien, le 19 mai, François de Rugy a promis qu’il n’y aurait « pas de tabou » et que ces derniers pourront se pencher sur tous les sujets de leur choix, « y compris la taxe carbone » et la « fiscalité écologique ». Echaudé par la crise des « gilets jaunes », Edouard Philippe aimerait pour sa part que ce dernier point soit évité.
« Nous allons leur fixer une feuille de route. Pour qu’une organisation fonctionne, il faut un calendrier, un cadre, estime M. Philippe auprès du Monde. Pourront-ils se pencher sur la fiscalité ? Il n’y a pas de sujet tabou. Mais je préférerais pour ma part que ce ne soit pas le premier réflexe. » A l’issue d’un séminaire gouvernemental, le 29 avril, le locataire de Matignon avait déjà dit vouloir circonscrire le champ d’action de cette convention aux « questions de précarité énergétique et de mobilité périurbaine ». Une restriction difficile à faire entendre à trois jours des élections européennes.
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