Au club de foot de Molenbeek, plus de 300 joueuses apprennent à « ne rien lâcher »
Au club de foot de Molenbeek, plus de 300 joueuses apprennent à « ne rien lâcher »
Tiré de la série « What the foot ?! », ce deuxième épisode, sur les cinq à paraître, brosse le portrait du club totalement féminin de Molenbeek, en Belgique, le RWDM Girls. Ici, plus de trois cents filles s’épanouissent, progressent et s’affirment sur les terrains. Texte de Laure Derenne.
Au stade Edmond-Machtens de Molenbeek, en Belgique, une quinzaine de filles profitent du stage donné par l’enfant du club : Imane El Rhifari. Parmi les trois cents filles inscrites, on constate une très grande diversité d’origines : japonaise, italienne, marocaine, argentine, congolaise… / FREDERIC PAUWELS / COLLECTIF HUMA
Véronique et Ramzi ont cofondé le RWDM Girls. Pour eux et leurs deux filles, le club est leur seconde maison. Ramzi représente le club, gère les projets et supervise les équipes. Son épouse est très investie en tant que déléguée et organise la plupart des événements. Tous deux veillent à maintenir une atmosphère de solidarité et de bienveillance parmi les membres du club, et veulent que les filles grandissent dans la conviction que tout est possible. « Ne rien lâcher », c’est notre devise, insiste Véronique. / FREDERIC PAUWELS / COLLECTIF HUMA
Ramzi profite du soleil pour faire sécher des vareuses d’entraînement. Ramzi, c'est l'homme par qui tout est arrivé. Précurseur du foot féminin a Molenbeek, il cofonde le RWDM Girls en 2013. « Avant, je voyais que les filles arrêtaient le foot vers 12 ans. Les parents ne voulaient plus qu’elles viennent parce qu’elles devaient s’occuper de préparer à manger ou nettoyer la maison. Aujourd’hui, le foot, le fait de sortir ou de s’amuser est davantage reconnu comme important pour les filles. » / JOHANNA DE TESSIERES / COLLECTIF HUMA
Véronique s’assure du bon déroulement des événements du club. Aujourd’hui, un tournoi est organisé : Véronique assure l’accueil et tient à saluer les familles qui arrivent. / JOHANNA DE TESSIERES / COLLECTIF HUMA
Tiffany refait les lacets de Noélie, 16 ans. Il y a quatre ans, à la grande surprise de ses parents, Noélie a arrêté la danse classique pour être gardienne de but : « J’avais besoin de me défouler et de rigoler. Mon père avait peur pour moi, il pensait qu’une fille se faisait mal très vite. Quand j’y suis arrivée, cela l’a rendu super heureux. Je n’aime pas qu’on dise que les joueuses sont des garçons manqués, cela veut encore dire que le foot ne tournerait qu'autour des garçons. Moi, je me maquille, je mets des talons et mes longs ongles rouges ne m’empêchent pas de jouer. » / JOHANNA DE TESSIERES / COLLECTIF HUMA
Yousra et Tiffany sortent des vestiaires pour disputer un match lors d’un tournoi organisé par le RWDM Girls. / JOHANNA DE TESSIERES / COLLECTIF HUMA
Tiffany, Noélie, Andréa et Chérine encouragent leurs camarades au stade Edmond-Machtens de Molenbeek. Noélie, 16 ans, en vert, est gardienne de but. Elle est néerlandophone et vit dans une localité flamande : « A mon arrivée au club, je ne connaissais personne. J’ai été très bien accueillie. On me dit souvent que Molenbeek n’est pas un endroit sûr mais pour moi, c’est une commune comme les autres. » / JOHANNA DE TESSIERES / COLLECTIF HUMA
Jour de tournoi : Tiffany se repose quelques instants au soleil, entre deux matchs. Depuis le mois de septembre 2018, elle joue dans la même équipe que Noélie : « Au début, on ne se parlait pas vraiment. Elle est plutôt explosive et moi plus calme. Je me souviens d’un match où on s’est super bien entendues et, depuis, c’est fusionnel. » A 15 ans, Tiffany rêve de devenir footballeuse professionnelle et de suivre les voies tracées par Eugénie Le Sommer (Olympique lyonnais) ou Lieke Martens (FC Barcelone). / FREDERIC PAUWELS / COLLECTIF HUMA
Asmae et Yousra, deux coachs du RWDM Girls, s’entraînent au free-style. Au Tournoi Girls Trophy 2, Yousra terminera les festivités par une prestation free-style. Elle affiche beaucoup d’expérience et a déjà participé à un championnat du monde dans l’équipe marocaine. / FREDERIC PAUWELS / COLLECTIF HUMA
Coach du RWDM Girls, Asmae poursuit en parallèle des études d’éducatrice spécialisée et entraîne aussi, deux fois par semaine, des jeunes filles à la boxe. Le plus important à ses yeux est de partager son enthousiasme et certaines valeurs, comme l’esprit collectif : « Il faut leur apprendre dès le début les valeurs d’équipe, l’envie de construire et de gagner un jeu ensemble. Oui, certaines joueuses sortent du lot, mais il faut que tout le monde puisse apprendre et apporter quelque chose. Que chacune trouve sa place. » / JOHANNA DE TESSIERES / COLLECTIF HUMA
« Coach Yousra » a le sport dans le sang : « J’ai fait de la crosse canadienne, de l‘athlétisme, du jujitsu brésilien, de la boxe anglaise, de la boxe thaïe, du basket et du foot bien sûr. » Venant régulièrement au club RWDM Girls pour accompagner ses deux nièces, elle s’est vu proposer un poste de coach qu’elle occupe depuis cette année : « Je m’occupe des plus petites, ça me motive beaucoup de voir toute leur évolution. A leur âge, je n’avais pas l’occasion de jouer dans une équipe de filles, c’est une chance qu’elles ont. Je veux leur donner une bonne formation. » / FREDERIC PAUWELS / COLLECTIF HUMA
Entraînement des U12 (moins de 12 ans) au stade du Sippelberg. Tous les mardis et vendredis soir, une centaine de filles – de U9 à U16 – se partagent le terrain. / JOHANNA DE TESSIERES / COLLECTIF HUMA
Dounia, 12 ans, Samia, 13 ans, et Inass, 15 ans, tapent la balle à la fin de leur entraînement. Samia explique : « Au début, ma mère n’appréciait pas que je joue, elle avait peur que je devienne un garçon, que je sorte en short en mode garçon, que j’insulte comme un garçon. » / JOHANNA DE TESSIERES / COLLECTIF HUMA
Dounia entourée de Samia et Inass à la sortie de leur entraînement. Dounia a été approchée par l’équipe nationale belge. « Au début mes parents m’ont empêchée de jouer. Mais un de mes professeurs a remarqué que j’étais devenue triste et solitaire, il a parlé à ma mère. J’ai repris le foot, ma mère m’a inscrit au RWDM Girls. Maintenant, elle est fière et à fond derrière moi. » / JOHANNA DE TESSIERES / COLLECTIF HUMA
A Ternat, le 27 avril, lors de la mi-temps du match qui oppose les joueuses du RWDM Girls à celles du club flamand FC Dames Ternat. Les filles estiment qu’elles n’ont pas assez bien joué : la tristesse et le découragement l’emportent. Si elles perdent, elles devront descendre de division. Lors de la seconde mi-temps, les filles se ressaisissent et l’emportent 5 à 3. / JOHANNA DE TESSIERES / COLLECTIF HUMA
Alisson, 13 ans et néerlandophone, joue depuis trois ans au RWDM Girls : « Mon frère m’a inscrite dans le club le plus proche de la maison. Au foot, je n’admire pas les grands noms, c’est mon frère qui m’épate. Quand je joue, je me défoule. Je me sens libre alors qu’à l’école tout le monde est sur ton dos. » / JOHANNA DE TESSIERES / COLLECTIF HUMA
Samia, 15 ans, et Inass, 13 ans, dans leur salon. Elles s’apprêtent à sortir jouer au foot comme souvent le dimanche. / JOHANNA DE TESSIERES / COLLECTIF HUMA