Le groupe du Rassemblement national et de la Ligue italienne vise une vice-présidence au Parlement européen
Le groupe du Rassemblement national et de la Ligue italienne vise une vice-présidence au Parlement européen
Par Lucie Soullier, Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)
Au sein de la délégation française du parti d’extrême droite, un eurodéputé confie ses doutes sur la probabilité que leur candidate soit élue.
Alors que la nouvelle session vient d’être inaugurée à Strasbourg, mardi 2 juillet, la solidarité « anti-extrême droite » tiendra-t-elle au Parlement européen ? Première réponse mercredi, avec l’élection des vice-présidents de l’institution communautaire, à Strasbourg. Le groupe ID (pour Identité et démocratie), tout récemment formé autour de la Ligue italienne et du Rassemblement national (RN) français, affirme en effet qu’il présentera une candidate italienne de la Ligue à la vice-présidence du Parlement européen, Mara Bizzotto, mercredi, avant de tenter d’installer deux de ses candidats à la présidence des commissions des affaires juridiques et de l’agriculture et plusieurs à la vice-présidence de différentes commissions.
La semaine dernière, les dirigeants des quatre principaux partis « proeuropéens » de l’hémicycle avaient fini par convenir qu’il n’était plus possible d’exclure les élus d’extrême droite de la course aux postes de pouvoir dans l’institution communautaire. Les quatre partis auxquels appartiennent, côté français, Les Républicains, le Parti socialiste, la République en marche et Europe Ecologie-Les Verts avaient en effet décidé, selon nos informations, que le groupe ID pourrait participer à ce que le jargon bruxellois nomme la « règle D’Hondt », qui permet aux délégations les plus représentées de « faire leur marché » en premier pour les vice-présidences du Parlement ainsi que les présidences et vice-présidences des commissions. Des postes essentiels pour espérer influer sur les travaux législatifs.
Front commun
S’ils ont accepté de relâcher le cordon, les responsables des quatre principaux partis ont tout de même convenu, pour l’heure, de faire front commun au moment des votes de confirmation pour l’attribution des postes. L’idée est désormais de continuer à barrer la route aux extrêmes, mais par la voie démocratique, en opposant à leurs candidats une majorité de votes négatifs. Au sein de la délégation française du Rassemblement national, un eurodéputé confie d’ailleurs ses doutes sur la probabilité que leur candidate soit élue.
Forte de 73 eurodéputés, ID est aujourd’hui la cinquième composante politique dans l’hémicyle européen, au coude-à-coude avec les Verts. Une force d’autant plus difficile à contourner que l’absence de majorité absolue donnera, dans cette nouvelle mandature, un poids plus important aux groupes intermédiaires. Et que la Ligue aujourd’hui au pouvoir en Italie, l’un des pays fondateurs de l’UE, pourrait bien envoyer à l’automne un commissaire d’extrême droite siéger au collège de la Commission renouvelée…
Les brexiters de dos, le RN assis
Une session inaugurale déjà perturbée. Les 29 députés européens du Brexit Party de Nigel Farage ont tourné le dos à l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg, mardi 2 juillet, alors que retentissait l’hymne européen. Les élus français du Rassemblement national sont, eux, restés assis pendant que les musiciens jouaient l’Ode à la joie de Beethoven.