Le Français Laurent Fignon, échappé, file vers la victoire, le 17 juillet 1984, lors de la 18e étape du Tour de France entre Bourg d'Oisans et La Plagne. / STAFF / AFP

HISTOIRE - VENDREDI 5 JUILLET - 20 h 40. DOCUMENTAIRE

Les documentaires aiment les anniversaires. Après les 100 ans du Tour de France en 2013, la Grande Boucle fête cette année les 100 ans du maillot jaune. La victoire d’étape, le 19 juillet 1919, à Grenoble, d’Eugène Christophe, premier coureur à revêtir le maillot poussin de l’histoire, marque le point de départ de Maillot jaune, la quête des braves, diffusé ce soir, dont le scénario déroule malicieusement les histoires de la course depuis un siècle, à l’aune des évolutions économique, politique et sociale de la France.

A commencer par le tracé du Tour 1919, compétition cycliste créée par Henri Desgranges pour fédérer les populations. Il suit littéralement les frontières terrestres et maritimes de la France, fière alors d’inclure à nouveau Metz, Strasbourg et les Vosges. Dix ans plus tard, la radio – la TSF – permet à chacun d’entendre la voix de ses héros, de suivre les équipes nationales et la toute jeune caravane publicitaire.

Après la seconde guerre mondiale, les speakers du Tour s’enthousiasment pour Jean Robic, dit « Biquet », Fausto Coppi, champion en 1949, et Gino Bartali, le pieux Italien, le résistant, le « Juste parmi les nations » ; la décennie suivante rouleront Louison Bobet, Jacques Anquetil et Poulidor – que les Français suivent en images depuis 1959.

« Saler la soupe »

De Mai 1968 aux fermetures d’usines ou à la crise pétrolière, le Tour vit les soubresauts de son temps. En 1974, quatre voitures sont incendiées par le mouvement d’opposition au franquisme GARI . Un an plus tard, les cyclistes sont bloqués par des paysans en colère. En 1978, Bernard Hinault (futur quintuple vainqueur) mène la grève des coureurs, avant de monter l’équipe La Vie Claire avec un certain Bernard Tapie.

Les « braves » laissent place à « l’intello » Laurent Fignon et à Miguel Indurain, dit « Robocop » (cinq Tour gagnés d’affilée, de 1991 à 1995). Par ses parents, agriculteurs espagnols, il reste ancré dans la tradition populaire des cyclistes. Mais ses capacités physiques hors normes font planer le soupçon de dopage, et l’on passe à la plus grave crise qu’a connue le cyclisme mondial. Le documentaire montre dès 1967 des coureurs en difficulté pour expliquer ce que veut dire « saler la soupe » dans le jargon du peloton. Le grand Eddy Merckx lui-même est suspecté, contrôlé positif sur le Giro, avant de remporter son premier maillot jaune en 1969.

Dommage que ce sujet soit, par moments, survolé. Ainsi, pour traiter de l’affaire Festina, Richard Virenque apparaît plein écran, les cheveux brun, souriant, vêtu du maillot à pois de meilleur grimpeur. Seconde séquence, on le retrouve les cheveux teints en blanc et en pleurs. Cela sans notifier que, le 8 juillet 1998, un soigneur de l’équipe Festina a été interpellé avant le départ en possession de produits dopants ; le 17, la formation, emmenée par le coureur français, est mise hors course. Ce qui explique les pleurs.

Vingt ans après l’affaire Festina, le dopage se fait tout petit sur le Tour. Son tracé ressemble plus à une diagonale qu’à une boucle, mais il « fédère » toujours (plus de 33 millions de téléspectateurs en 2018, contre 37 millions en 2017), majoritairement grâce à France Télévisions qui, pour la troisième année d’affilée, propose la retransmission intégrale des trois semaines de course.

Maillot jaune, la quête des braves, de Caroline Puig-Grenetier (France, 2019, 55 min), disponible en replay sur France 3 Auvergne.

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